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Près de 2 000 manifestants, dont des Britanniques, des Italiens et des Belges, ont apporté leur soutien samedi aux migrants de la "Jungle" de Calais, le plus grand bidonville de France. Ils ont demandé des "conditions d'accueil plus dignes".

Britanniques, Français, Belges, Italiens... Quelque 2 000 personnes ont manifesté samedi 23 janvier dans l’après-midi à Calais, dans le nord de la France. Parmi les revendications exprimées, les manifestants ont demandé une meilleure prise en charge et des "conditions d'accueil plus dignes" pour les migrants. Des débordements ont eu lieu en fin de manifestation et le port de Calais a été bloqué pendant plus de trois heures après l'intrusion d'une cinquantaine de manifestants et de migrants sur un ferry.

"Réfugiés bienvenue", "Calais, Lesbos, Lampedusa, nos frontières tuent", "Ouvrez les frontières, laissez-les entrer", pouvait-on lire sur des pancartes. "Nous sommes ici par solidarité et pour dénoncer l'inactivité de l'État français, qui n'a pas la volonté d'assurer une vie meilleure aux réfugiés", a affirmé Rino, un étudiant italien de 22 ans, venu de Paris en bus et pour qui "une tragédie humaine" se joue à Calais.

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"Pire que des animaux !"

"No jungle, no jungle", ont scandé les migrants qui ont pris part à la manifestation. "Ici, nous vivons de façon pire que des animaux !", s'est insurgé Wali, un migrant afghan qui vit dans la "jungle", ce bidonville aux conditions d’hygiène difficiles situé près de la rocade portuaire où survivent quelque 4 000 personnes. Venus majoritairement d'Afrique de l'Est, du Moyen-Orient et d'Afghanistan, ces milliers de migrants vivent dans la "jungle" de Calais, dans l'espoir d'atteindre ensuite le Royaume-Uni, considéré par eux comme un eldorado.

"On peut voir le camp de l'Angleterre, de la côte du port de Douvres et il y a tous ces gens qui vivent dans la misère. Nous sommes en Europe. C'est la France, nous ne sommes pas dans un pays du tiers-monde" s'indigne une manifestante britannique au micro de l'envoyé spécial de France 24. "Un être humain n'a pas à vivre dans ces conditions, dans l'insalubrité, dans des tentes ou des cabanes qu'ils fabriquent par eux-mêmes", ajoute une manifestante française qui s'est confiée à France 24.

Le 11 janvier, un centre d'accueil provisoire (CAP) composé de 125 conteneurs chauffés de 12 places pouvant accueillir 1 500 migrants a pourtant été inauguré à Calais. Mais, pour Jean-Baptiste, "ce n'est pas suffisant". "Il y a urgence humanitaire, nous réclamons des conditions d'accueil dignes", a-t-il affirmé.

"Débordements sérieux" en fin de manifestation

Des politiques ont également pris part à cette manifestation, notamment l'ex-candidat d'extrême gauche à l'élection présidentielle Philippe Poutou (NPA) qui a appelé à accueillir les migrants "de manière digne". "C'est le minimum qu'on puisse faire", a-t-il estimé. "On ne peut pas laisser cette situation perdurer ici. Les gens vivent dans des conditions inadmissibles, indignes, j'appelle M. Valls et M. Cazeneuve à prendre toutes les mesures qu'il faut pour régulariser cette situation", a déclaré de son côté Karima Delli, députée européenne écologiste.

Partis à 14 h de la "jungle" de Calais, les manifestants se sont dispersés à 16 h 30. Mais la maire de Calais Natacha Bouchart a dénoncé ensuite "des débordements sérieux en centre-ville, en particulier sur la Place d'Armes, où la statue du Général De Gaulle et d'Yvonne Vendroux a été taguée". En fin de manifestation, une cinquantaine de manifestants et de migrants ont réussi à monter illégalement à bord du Spirit of Britain, un ferry de la "P&0". Par mesure de sécurité, l'activité du port a été suspendue. Vers 20 h 30, après plus de trois heures de blocage, les migrants ont été évacués par la police, qui a dû avoir recours à une passerelle mobile pour faire la jonction avec le bateau.

Selon la préfecture du Pas-de-Calais, 24 migrants ont été interpellés sur le ferry, et emmenés dans les locaux de la Police de l'air et des frontières (PAF) à Coquelles, près de Calais. Onze autre personnes, des militants de No Border d'après la même source, ont subi le même sort.

Une nouvelle fois, la preuve est faite par l'exemple que les manifestations organisées par des pseudo-défenseurs des migrants ont essentiellement pour vocation de perturber la vie économique", a déploré la maire Natacha Bouchart. "L'attitude des No Borders à Calais est scandaleuse : il faut des sanctions ! Je demande au gouvernement une réunion de crise en urgence", a pour sa part affirmé le nouveau président de la région Nord-Pas-de-Calais/Picardie, Xavier Bertrand, sur Twitter.

Avec AFP