Les États-Unis ont commencé, jeudi, à appliquer leurs nouvelles règles concernant les exemptions de visa pour les personnes ayant des liens avec des pays considérés comme des berceaux du terrorisme et pour ceux ayant visité des pays jugés "à risque".
Un mois après avoir été approuvé par les parlementaires américains, les nouvelles règles concernant les conditions du programme d’exemption de visa sont entrées en vigueur jeudi 21 janvier.
Concrètement, suivant ces mesures décidées dans la foulée des attentats de Paris et la tuerie de San Bernardino, les ressortissants de 38 pays, dont 30 européens, ayant foulé le sol de l’Irak, de la Syrie, du Soudan ou de l’Iran depuis le 1er mars 2011 ne pourront plus prendre l'avion vers les États-Unis sans avoir obtenu préalablement un visa auprès d'un consulat américain. De la même manière, les personnes possédant la double nationalité iranienne, irakienne, soudanaise ou syrienne devront solliciter un visa avant de se rendre aux États-Unis.
Washington craint en effet que des jihadistes belges ou français ne rentrent sur le territoire américain pour y mener des attaques. Les ressortissants de ces deux pays, tout comme ceux de 36 autres États, peuvent en effet se rendre aux États-Unis sans visa pour un voyage touristique et pour une durée 90 jours, grâce au programme Esta.
Les personnes concernées par ces nouvelles règles ne pourront donc plus profiter de cette exemption et devront solliciter un visa. Selon le site de l’ambassade américaine en France, les tarifs sont par exemple de 152 euros pour un voyage d’affaires ou un séjour touristique.
Des exceptions pour les journalistes et les humanitaires
Seule exception à ces nouvelles règles, les soldats des pays alliés qui ont combattu aux côtés des troupes américaines en Irak seront exemptés de visas. Les travailleurs humanitaires et journalistes pourraient aussi être exemptés "au cas par cas". Cette annonce a provoqué la colère du camp républicain qui estime que la Maison Blanche essaye de contourner les mesures prises par le Congrès. "L’administration Obama viole de façon flagrante la loi, une loi que le président a personnellement signée", s’est ainsi indigné Michael McCaul, le président républicain de la commission de la Sécurité intérieure. Pour Bob Goodlatte, le responsable républicain de la commission de la justice au Congrès, ces exceptions compromettent également "la sécurité nationale et celles des citoyens américains".
Au delà de cette querelle politique, ces nouvelles règles ont déjà suscité une première polémique. La BBC a ainsi rapporté, mercredi, qu'une de ses journalistes, Rana Rahimpour, qui a la double nationalité britannique et iranienne, n'avait pas eu le droit d'embarquer sur un vol à destination des États-Unis. "Les autorités américaines ont expliqué à Rana Rahimpour qu’elles ne pouvaient pas bénéficier du programme d'exemption", explique le site du média. Sur son compte Twitter, la journaliste a aussi réagi ironiquement à ce refus d'embarquement : "Ma fille 100 % britannique n’a pas pu assister à l’anniversaire de son cousin parce que sa mère est née en Iran".
Le message de la journaliste Rana Rahimpour sur son compte Twitter
@ranarahimpour My fully #British daughter can't attend her #American cousin's bday cos her mum was born in #Iran. pic.twitter.com/8Rt1aHLlTD
— Rana Rahimpour (@ranarahimpour) 19 Janvier 2016Aujourd'hui, environ 20 millions de personnes viennent chaque année sans visa aux États-Unis pour des séjours de moins de 90 jours, dont quelque 13 millions d'Européens, avec pour seule formalité le formulaire en ligne Esta. Ni l'Union européenne ni les autorités américaines n'ont d'estimation sur le nombre de voyageurs potentiellement affectés par ces nouvelles règles.
Avec AFP et Associated Press