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La Grèce teste un robot pour aider les garde-côtes à secourir les migrants, qui tentent de rejoindre l'Europe par la mer. Si l'expérience est concluante, son utilisation pourrait s'étendre à toute la Méditerranée.

Les milliers de migrants qui risquent chaque jour leur vie en traversant la Méditerranée pourront peut-être bénéficier de l'aide d'un robot pour éviter la noyade.

Le robot Emily (acronyme d'Emergency Integrated Lifesaving Lanyard), en forme de cylindre rouge d’1m20, est testé par les garde-côtes grecs de l’île de Lesbos, où près de 2 000 migrants arrivent quotidiennement par la mer dans des embarcations de fortune.

Un assistant secouriste efficace

#lesvos #EMILY provided safety for 4 refugee boats and over 200 people this morning, working with @IFRC and @PROACTIVA_SERV #refugeesGr

— CRASAR (@crasar) 15 Janvier 2016

La première sortie de ce secouriste un peu particulier a eu lieu, vendredi 15 janvier, au large de Lesbos. Emily a escorté quatre bateaux, permettant à plus de 200 migrants de rejoindre la terre ferme sans encombre.

Sa mission ? Assurer la sécurité des réfugiés dans les 100 derniers mètres avant le rivage, où les bateaux des sauveteurs ne peuvent naviguer. Ce "no man’s land" est particulièrement craint par les secouristes : les garde-côtes ne peuvent pas accéder à la zone et les nageurs-sauveteurs qui partiraient depuis le rivage sont trop peu nombreux et mettent du temps à intervenir.

Équipé d’une caméra, le robot, qui peut-être piloté à plus de 600 mètres de distance, navigue aux côtés des embarcations de migrants et retransmet en direct en vidéo l’évolution de la situation aux équipes restées sur le rivage.

En cas de naufrage, il peut servir de bouée en attendant les gilets de sauvetage des secours et est, selon le constructeur, assez puissant pour rapatrier jusqu’à cinq naufragés jusqu’à la plage ou aux bateaux des garde-côtes.

Avec une autonomie de 20 minutes à pleine puissance, l’appareil peut effectuer plusieurs allers-retours et soulager ainsi les secouristes souvent pris de court par des embarcations surchargées dans lesquelles de nombreux passagers, notamment des enfants, ne savent pas nager.

Le Center for Robot-Assisted Search and Rescue de l'Université A&M au Texas, qui coordonne le projet et assiste les garde-côtes grecs, s’est félicité du succès d’Emily, dont elle espère bien populariser l’utilisation en Méditerranée. L’équipe de chercheurs a d’ores et déjà annoncé sur Twitter que deux robots resteraient aux côtés des sauveteurs de Lesbos.

CRASAR donates 2 E.M.I.L.Y.s to Hellenic Coast Guard & @HRC_SAMARITES to aid #refugeesGr see https://t.co/GNLqWLpoWK pic.twitter.com/DyEeeuVUUG

— CRASAR (@crasar) 19 Janvier 2016

Solution aux naufrages des migrants ou simple gadget ?

Conçu pour aider les secouristes des plages américaines à assister les baigneurs en difficulté, Emily est capable de résister à de forts courants et entend bien entamer une nouvelle carrière en Europe.

Son inventeur, Bob Lautrup, vice-président de la société américaine Hydronalix, implantée en Arizona, s’est réjoui que sa création serve une telle cause : "Pour nous, c’est vraiment important d’avoir l’opportunité de sauver des gens qui, autrement, n’auraient pas été sauvés", a-t-il expliqué au journal local Green Valley News.

Même enthousiamse du côté des experts en robotique : "D'ici cinq ans, une flotte de robots Emily sera capable d'assurer cette tâche de façon totalement autonome", explique Étienne Decaesteke, responsable au Centre de robotique intégrée d'Île-de-France, à France 24.

D’autres se montrent plus prudents quant au succès de l’expérience en Grèce. Élaboré pour secourir des baigneurs, le robot est performant dans des opérations de sauvetage d'individus isolés mais son efficacité dans une situation de noyade collective est mise en doute par certains experts.

L’appareil pourrait également gêner le travail des secouristes en se prenant dans les hélices des bateaux, d’autant que les sauveteurs grecs sont régulièrement amenés à travailler de nuit avec peu de visibilité.

Selon l’Organisation internationale pour les migrations, plus d’un million de migrants ont rejoint l’Europe par la mer en 2015, près de 4 000 d’entre eux y ont perdu la vie.