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Forte abstention et poussée de l'extrême droite aux Pays-Bas

Pour les européennes, le taux de participation aux Pays-Bas ne s'est élevé qu'à 36,5 %. Grand gagnant du scrutin: le parti d'extrême droite, le Parti pour la liberté, qui conquiert 4 sièges sur un total de 25, selon des résultats partiels.

AFP - La marathon des élections européennes a démarré jeudi en Grande-Bretagne et aux Pays-Bas, marqué dans ce pays par une très forte abstention et une poussée de l'extrême-droite, deux phénomènes qui pourraient bien se répéter à l'échelle de tout le continent.

Le Parti pour la liberté (PVV) du député néerlandais d'extrême-droite Geert Wilders a obtenu 16,9% des voix aux Pays-Bas, selon des résultats partiels portant sur 92,1% des bulletins de vote.

Le PVV, qui participait pour la première fois aux élections européennes, conquiert 4 sièges sur un total de 25 au Parlement européen, selon ces chiffres.

Il se classe en deuxième position derrière le parti chrétien-démocrate (CDA) du Premier ministre Jan Peter Balkenende (20%) et devance le parti travailliste (PvdA, 12,2%), membre de la coalition gouvernementale.

Le CDA perd 4,4 points par rapport aux européennes de 2004 et obtient 5 sièges contre 7 en 2004. Le PvdA, qui avait obtenu 23,6% des voix en 2004, essuie un revers, passant de 7 à 3 sièges.

Les Néerlandais sont les premiers à diffuser des résultats, même si cela enfreint les règles européennes (pas de résultats avant dimanche soir) pour éviter que les électeurs des autres pays puissent être influencés.

Dans ce pays fondateur de l'UE, le taux de participation ne s'est élevé qu'à 36,5%, selon ces résultats.

Au Royaume Uni, les bureaux ont fermé à 21H00 GMT, mais les résultats ne devraient pas être publiés avant dimanche soir. Les sondages annoncent une débâcle du Parti travailliste du Premier ministre Gordon Brown, dont la survie politique semble suspendue aux résultats des élections européennes et locales, organisées conjointement jeudi.

La pression s'est accentuée sur le chef de gouvernement avec l'annonce, à l'heure de fermeture des bureaux, de la démission du ministre du Travail et des Retraites James Purnell, qui a appelé M. Brown à faire de même.

C'est la cinquième démission d'un membre du gouvernement britannique en trois jours, mais aucun d'eux n'avait jusqu'à présent appelé ouvertement au départ de M. Brown.

Partout en Europe une forte abstention se dessine, après une participation de seulement 45,4% déjà en 2004, et malgré des appels à voter lancés encore jeudi par le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ou le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy.

Près des deux tiers des Européens (64%) se disent peu ou pas du tout intéressés par le scrutin de dimanche selon un sondage publié vendredi en France.

L'absence d'enjeux européens clairs pour ce scrutin et les difficultés de l'opinion à appréhender ce que font les eurodéputés contribuent à ce manque d'intérêt.

La percée dans plusieurs pays des partis extrêmes, anti-européens ou populistes, s'annonce comme une autre leçon possible d'élections qui se déroulent dans un contexte de crise économique et sociale exacerbé. Ce pourrait être le cas en particulier au Royaume-Uni et en Europe de l'Est.

Mario Telo, président de l'Institut d'Etudes européennes de l'Université libre de Bruxelles, estime que "ce risque existe, comme dans les années 30, même si la différence est qu'un succès de l'extrême-droite n'aura pas d'effet politique direct". Mais ce phénomène "montrera que la crise de la politique nationale est grave", dit-il.

Les sondages prédisent une victoire de la droite en Europe, la gauche ne parvenant guère malgré la crise à mobiliser, même lorsqu'elle est dans l'opposition.

Au Parlement de Strasbourg, les conservateurs seront la principale force politique, selon une étude publiée jeudi. Ils devanceraient les socialistes et les Libéraux.

Au total, quelque 388 millions d'Européens sont appelés à élire 736 députés pendant quatre jours.

Après les Néerlandais et les Britanniques, ce sera vendredi et samedi le tour des Irlandais et des Tchèques, Lettons, Slovaques, Maltais et Chypriotes.

Dix-neuf des 27 pays de l'UE voteront dimanche. La première estimation de la couleur politique du prochain Parlement devrait être annoncée vers 22H30 (20H30 GMT).