Samir Geagea, figure politique de la communauté chrétienne du Liban, a apporté son soutien à la candidature de son rival historique Michel Aoun à la présidence du pays, vacante depuis 20 mois, faute d’accord sur un candidat consensuel.
Vers la fin de la crise présidentielle au Liban ? En apportant son soutien à la candidature de Michel Aoun à la présidence, son rival de toujours, Samir Geagea, figure politique de la communauté chrétienne libanaise, a franchi un pas significatif dans ce sens.
Le chef du Parti des forces libanaises (FL), qui était lui-même candidat à la présidence, réservée selon le modèle confessionnel du pays à un chrétien maronite, a officialisé son soutien surprise lors d'une conférence de presse commune avec Michel Aoun. Et ce, "après de nombreuses discussions au sein du parti".
Les deux hommes, qui se sont pourtant livrés une bataille fratricide pour le contrôle des régions chrétiennes en 1990, peu avant la fin de la guerre du Liban (1975-1990), et qui se sont opposés politiquement depuis le milieu des années 2000, sont apparus détendus et parfois hilares devant les responsables de leurs formations politiques respectives, les plus représentatives des chrétiens du Liban.
Michel Aoun a remercié les FL pour leur soutien et appelé les Libanais à "sortir du passé pour bâtir l'avenir" et à "tourner les pages sombres de [leur] histoire".
En soutenant la candidature de Michel Aoun, ancien chef d'État-major, chef du Courant patriotique libre (CPL) et allié politique du Hezbollah, Samir Geagea rompt avec les positions de ses alliés, principalement l’ancien Premier ministre Saad Hariri, regroupés au sein de l’alliance du 14-mars et soutenus par les États-Unis et l'Arabie saoudite. L’ancien chef de guerre a appelé ses alliés à soutenir comme lui la candidature du général Aoun pour sortir de la crise et éviter l’effondrement du pays du Cèdre.
La présidence libanaise est vacante depuis 20 mois, car les forces représentées au Parlement, qui élisent le président, n'ont pu s'entendre depuis sur un candidat de compromis, depuis la fin du mandat
du président Michel Sleimane, en mai 2014. Et pour cause,
la division profonde de l’échiquier politique, entre le "bloc du 14-mars", hostile au régime syrien, et celui du "8-mars", mené par le mouvement politico-militaire chiite du Hezbollah, qui se bat en Syrie aux côtés de l’armée de Bachar al-Assad, empêchait jusqu’ici toute entente, comme l’exige le fonctionnement de cette démocratie consensuelle.
L’initiative de Samir Geagea bouleverse la logique des deux blocs et font désormais de Michel Aoun le grand favori de la présidentielle. Toutefois, elle ne lui garantit pas encore la victoire à elle seule. Pour ce faire, il faut que d’autres formations politiques se rallient à sa candidature. Les prochains jours devraient donner lieu à de nombreuses tractations qui pourraient décider du sort de la présidence libanaise, qui se jouera le 8 février prochain au Parlement.