Selon une revendication d'Aqmi, le groupe de Mokhtar Belmokhtar se trouve derrière les sanglantes attaques de Ouagadougou. Ce terroriste, cerveau présumé de l'attentat de Bamako en novembre, est l’un des hommes les plus recherchés du Sahel.
Le chef jihadiste algérien Mokhtar Belmokhtar revient une fois de plus sur le devant de la scène. Selon l'organisation américaine Site, qui surveille les sites Internet islamistes, Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a posté un message attribuant les attaques de Ouagadougou, vendredi 15 janvier, au groupe Al-Mourabitoune, dirigé par ce terroriste redouté. Vingt-neuf personnes ont été tuées dans l'hôtel Splendid et le restaurant Cappuccino, au cours de l’attentat jihadiste du 15 janvier contre la capitale burkinabè. Parmi elles, se trouvent notamment six Canadiens, cinq Burkinabè, deux Français, deux Suisses et un Américain.
#BurkinaFaso après #Bamako #Mali ceci est la deuxième attaque de Katibat #AlMourabitoun depuis son allégeance à #AQMI #AlQaeda
— Wassim Nasr (@SimNasr) 16 Janvier 2016Ce n’est pas la première fois que Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Aboul Abbas, vise des Occidentaux sur le continent africain. L’homme, rendu célèbre avec des opérations aussi sanglantes que spectaculaires dans le Sahel, a revendiqué l'attentat meurtrier, le 20 novembre 2015, contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako (20 morts dont 14 étrangers et deux assaillants abattus). La formation jihadiste se trouvait également derrière le premier attentat meurtrier contre des Occidentaux à Bamako, le 7 mars 2015, au bar-restaurant La Terrasse (cinq morts : trois Maliens, un Français et un Belge).
"Si on savait où était Mokhtar Belmokhtar, les affaires seraient réglées"
Ancien cadre d'Aqmi, cet homme de 43 ans a été donné pour mort à de multiples reprises, notamment en avril 2013 et juin 2015, lorsqu'il a été la cible déclarée d'une frappe américaine en Libye. Insaisissable, Mokhtar Belmokhtar court toujours, constatait en novembre le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. "Il circule", avait-t-il laconiquement déclaré lors d'une interview sur la radio française Europe 1. "Si je savais [où il se trouve], les affaires seraient réglées", avait-il ajouté.
Les États-Unis ont mis sa tête à prix pour cinq millions de dollars. Régulièrement soupçonné de séjourner sur le territoire libyen, Mokhtar Belmokhtar est l'un des chefs islamistes extrémistes les plus recherchés au Sahel.
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Au-delà des sanglantes attaques qu'il mène, ce terroriste expérimenté représente une menace d'autant plus importante qu’il milite pour une grande coalition avec les jihadistes du Niger, du Tchad et de Libye.
Né en juin 1972 à Ghardaïa, aux portes du Sahara, Mokhtar Belmokhtar est en effet lié à plusieurs groupes terroristes. Très jeune, il part combattre en Afghanistan et suivre une formation de moudjahidine auprès d’Al-Qaïda, au cours de laquelle il perd un œil. Cette particularité lui vaut le surnom "le Borgne". De retour en Algérie en 1993, au début de la guerre civile, il rejoint le Groupe islamique armé (GIA, démantelé en 2005), et crée une unité basée principalement dans le Sahara.
Cinq ans plus tard, il est l'un des fondateurs du Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), une dissidence du GIA qui deviendra Al-Qaïda au Maghreb islamique. Le but : se démarquer des massacres de civils perpétrés par le GIA et concentrer ses attaques sur des cibles policières et militaires.
Le maître du grand Sud saharien
Mokhtar Belmokhtar règne alors en maître sur les routes clandestines du grand Sud saharien, se livrant à des attentats financés, selon des analystes, par des activités de contrebande, notamment de cigarettes, qui lui ont valu un second sobriquet : "Mister Marlboro". Il établit des liens avec les tribus qui le préviennent des mouvements des forces de sécurité.
En 2001, "le Borgne" prend le contrôle du Sahara et se replie dans le nord désertique du Mali, qu'il transforme en sanctuaire, liant de solides alliances en épousant des femmes de tribus touareg ou arabe.
Condamné à mort à deux reprises par la justice algérienne, il aurait commandité l'assassinat de quatre Français en Mauritanie en décembre 2007, les enlèvements de deux Canadiens en 2008, de trois Espagnols et deux Italiens en 2009.
En octobre 2012, il est destitué par le chef d'Aqmi pour insubordination et crée sa propre unité combattante, les "Signataires par le sang" (Al-Mouthalimin). Son groupe ne tarde pas à passer à l’action. En janvier 2013, quelques jours après le début de l'opération Serval à l'initiative de la France au Nord-Mali, il lance au nom d'Al-Qaïda l'attaque et la prise d'otages massive sur le complexe gazier d'In Amenas, dans le Sahara algérien, son principal fait d’armes (38 otages et 29 ravisseurs tués). Il revendique également des attaques contre l'armée nigérienne à Agadez et le site français d'uranium d'Areva à Arlit, en mai 2013, faisant une vingtaine de morts au total.
En août de la même année, son groupe fusionne avec une partie du Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao) sous le nom d'"Al-Mourabitoune". En mai 2015, l'Algérien avait réaffirmé la loyauté de son groupe à Al-Qaïda. Il avait cependant démenti son allégeance à l'organisation État islamique (EI) proclamée par un autre dirigeant.
Avec AFP