
L'ONU réclame la fin immédiate du siège des villes syriennes par les belligérants, dénonçant une "tactique barbare". Face à la situation à Madaya, où la famine menace les habitants, les humanitaires tirent la sonnette d'alarme.
Après une réunion d’urgence, le Conseil de sécurité de l’ONU a exigé vendredi 15 janvier la fin immédiate des sièges de villes syriennes par les belligérants.
"Il n'y a pas de raison, ni d'explication ou d'excuse valables pour empêcher des gens qui en ont besoin d'être secourus", a affirmé une responsable des opérations humanitaires de l'ONU, Kyung-Wha Kang. "C'est une violation grave du droit international et elle doit cesser immédiatement".
L'un après l'autre, les principaux membres du Conseil ont exigé que le régime et l'opposition armée cessent d'affamer les populations civiles prises en otage, comme le Conseil l'avait déjà fait dans plusieurs résolutions restées lettre morte.
Mme Kang a réclamé un accès humanitaire "complet, sans entrave ni condition préalable et de manière prolongée" en Syrie. Elle a notamment rappelé la situation dramatique à Madaya, près de Damas, une ville syrienne assiégée par l’armée du président Bachar al-Assad depuis plusieurs mois. Un adolescent de 16 ans est mort de faim dans cette ville, selon l'Unicef. L'ONU, souhaite évacuer d'urgence pour les soigner neuf habitants de Madaya, alors que neuf autres ont déjà été évacués.
Elle a toutefois ajouté que la situation dans cette ville n’était pas "unique" mais que 400 000 Syriens sont assiégés par le régime ou l'opposition armée. L'ONU a déposé cette semaine des demandes pour organiser d'autres convois vers les villes assiégées. Celles-ci "doivent être acceptées sans délai", a affirmé Mme Kang
"Une obligation absolue"
Pour l'ambassadeur français François Delattre, qui avait demandé cette réunion, "l'accès à des secours d'urgence ne saurait être une faveur ou une concession du régime syrien". Il s'agit "d'une obligation absolue" au regard du droit international. À quelques jours de pourparlers de paix inter-syriens prévus à Genève, il a estimé "qu'il n'y aura pas de processus politique crédible sans amélioration immédiate de la situation humanitaire". La représentante adjointe américaine Michele Sison a aussi réclamé "un accès humanitaire rapide, sûr et libre à Madaya et aux autres villes".
Seule note discordante, tout en plaidant lui aussi pour un accès humanitaire accru, le représentant adjoint russe Vladimir Safronkov a déploré que le Conseil "ne dise pas un mot" des villes assiégées par les rebelles comme Kafraya (nord-ouest), également ravitaillée jeudi. Il a dénoncé "une politisation du dossier humanitaire" et a rappelé que l'armée russe avait mené une opération de largage d'aide dans la région de Deir Ezzor (est).
En réponse, M. Kang a indiqué à la presse que "toutes les options doivent être étudiées". Mais les largages, a-t-elle averti, ont une capacité limitée, sont peu précis et "posent des problèmes de sécurité", en plus d'être "très coûteux".
Avec AFP