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Attentats de Paris : Amimour, kamikaze du Bataclan, enterré à La Courneuve

Samy Amimour, l'un des kamikazes du Bataclan, a été inhumé par sa famille jeudi 24 décembre dans le cimetière communal de La Courneuve, dans la plus grande discrétion. Aucun nom ne figure sur sa sépulture.

Samy Amimour, l'un des kamikazes du Bataclan, a été inhumé le 24 décembre au cimetière intercommunal de la Courneuve, selon une information du "Journal du dimanche". Le terroriste qui est mort à 28 ans en commettant un carnage dans la salle de concert parisienne le 13 novembre, était né et avait grandi à Drancy, en Seine-Saint-Denis, ville dont dépend ce cimetière et où habitent ses parents.

"Il a été inhumé à 17 h, ses parents ont pris leurs précautions pour que sa sépulture ne puisse pas être identifiée", a indiqué à l'AFP une source proche, sans autre précision. "Il y a avait très très peu de monde" lors de ses obsèques, a précisé une deuxième source.

Tous les défunts ont droit à une sépulture à l'endroit où ils résidaient, là où ils sont décédés, ou en core là où la famille a une sépulture familiale.

Un jeune homme bien élevé

Samy Amimour, ancien chauffeur de bus à la RATP, s'était rendu il y a environ deux ans en Syrie après s'être radicalisé en France, selon sa famille rencontrée en octobre par l'AFP lors d'un reportage en Seine-Saint-Denis.

Décrit comme un jeune gentil, bon élève et réservé, rien dans son parcours éducatif et professionnel ne semblait le prédestiner au terrorisme. Le 16 novembre, lors d'une conférence de presse, le député-maire de Drancy, Jean-Christophe Lagarde, a évoqué "un jeune homme bien élevé, dans une famille qui ne présente aucun signe de religiosité, poli, sportif, habillé à la mode, qui présentait même le caractère d'être timide".

Une timidité qui, selon l’élu, a été un obstacle à son embauche comme surveillant de cantine pour la municipalité voilà quelques années. Conducteur de bus à la RATP, il quitte l'entreprise en 2012 après y avoir travaillé pendant quinze mois. C'est à cette époque qu'il commence à se radicaliser. Pourtant, "il voulait imposer à sa mère, parfaitement laïque, le port du voile, puis imposer à la maison les règles de l'intégrisme le plus absurde, le plus éloigné de la religion musulmane", affirme le député-maire de Drancy avant de pointer un doigt accusateur sur une mosquée voisine du Blanc-Mesnil, où le kamikaze se serait radicalisé.

Interrogée par l’AFP sous couvert d'anonymat, une amie de la famille affirmait garder le souvenir d'un jeune "très gentil". "Tout le monde l'aimait. Un mec en or, la proie parfaite" pour les recruteurs au jihad.

Une famille désemparée

C'est "une famille qui a vu son fils lui échapper et qu'on n'a pas aidée", a déploré Jean-Christophe Lagarde, qui a dit "bien connaître la mère" du jeune homme, une militante associative "parfaitement laïque", qui l'avait sollicité à ce sujet.

Son père avait même tenté d'aller le chercher en Syrie, où il s’est marié, pour l’arracher aux griffes de l’organisation de l’État islamique (EI). Fin juin 2014, au terme d’un périple, il débarque "dans la région d'Alep" le jour de la proclamation du "califat" par l’EI, le 29 juin. Il parvient non sans mal à voir son fils en tête-à-tête, qu'il tente de convaincre de rentrer. Mais trop tard pour revenir en arrière : Samy est convaincu qu'aussitôt sur le sol français, il sera "jeté en prison". Le père va même voir en Jordanie un "émir haut placé de Daech" : "Ton fils, je peux te le sortir en 48 heures. À une condition : qu'il me le demande", lui dit-il. En vain.

Selon des témoignages recueillis par le quotidien "Le Parisien", ses parents se seraient "effondrés" en apprenant que leur fils faisait partie des terroristes qui ont ensanglanté la capitale parisienne le 13 novembre. Mi-octobre, son père se préparait à un ultime voyage pour récupérer son fils.
 

Avec AFP