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En tête des législatives espagnoles, les conservateurs perdent la majorité absolue

Le Parti populaire du chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, est arrivé en tête des élections législatives dimanche. Il perd cependant la majorité absolue au profit des partis de gauche, qui, ensemble, pourraient être à même de gouverner.

Les Espagnols ont infligé, dimanche 20 décembre, un sévère avertissement aux formations traditionnelles. Le parti conservateur de Mariano Rajoy, qui se place en tête des élections législatives, a perdu sa majorité absolue. Le PP (droite) n'obtient en effet que 123 sièges sur les 176 nécessaires, selon des résultats officiels publiés dans la nuit.

Le Parti socialiste (PSOE) arrive deuxième, avec 90 sièges, le pire résultat de son histoire. Son hégémonie à gauche est menacée par l'autre nouvelle formation : Podemos, formation de gauche radicale.

Le parti de Pablo Iglesias, né en janvier 2014, émerge comme troisième force politique, et obtient avec ses alliés plus de 20 % des voix et 69 sièges. "Aujourd'hui est un jour historique pour l'Espagne [...]. Nous entamons une nouvelle ère politique dans notre pays", a déclaré le secrétaire général de Podemos, Pablo Iglesias, devant ses partisans. "L'Espagne ne sera plus jamais la même", a ajouté le jeune chef de file. L'autre parti émergent, le Ciudadanos, n'obtient lui que 40 sièges.

En additionnant les sièges obtenus par la gauche, les Socialistes (PSOE), le parti de la gauche anti-austérité Podemos, les anciens communistes d'Izquierda Unida et deux autres formations régionales obtiendraient ensemble 175 sièges, sur les 350 du Congrès des députés, soit un siège de moins que la majorité absolue.

Espagne: résultats partiels du nouveau parlement, et composition du parlement sortant #AFP pic.twitter.com/XeY2GtQuSL

— Agence France-Presse (@afpfr) 20 Décembre 2015

La fin du bipartisme

Après 32 ans de bipartisme qui ont vu se succéder au pouvoir le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) et le Parti populaire (PP), Podemos, cette formation issue du mouvement des "Indignés" inflige aussi sa pire défaite au Parti socialiste, qui avait déjà subi un cuisant échec en 2011.

>> À lire sur France 24 : Une campagne électorale d'une rare violence pour les législatives espagnoles

"Les Espagnols définissent aujourd'hui à quoi ressemble la nouvelle ère politique", titrait dimanche "El Pais" (centre gauche), le quotidien le plus lu du pays. "El Mundo", en pages intérieures, souligne la présence sans précédent depuis 1977 de quatre partis susceptibles d'obtenir plus de 15 % des voix.

Pour Bruno Cautrès, politologue et chercheur au CNRS et au Cevipof, interrogé sur France 24, le succès de ces nouveaux partis s’explique d’abord par "la crise économique qui, depuis 2008, a plongé les gens dans des situations de chômage, de perte de logement même dans des pays comme l’Espagne ou la Grèce".

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En tête des législatives espagnoles, les conservateurs perdent la majorité absolue

>> À voir sur France 24 : Podemos à l'épreuve du pouvoir

Le politologue estime également que cet engouement n’est pas propre à l’Espagne : "Depuis une vingtaine d’années, les grands partis de gouvernement sont bousculés par l’ampleur des réactions des opinions publiques face à la mondialisation, face à la remise en cause dans toutes les économies de ce que les gens croyaient acquis, à savoir leur emploi ou leur protection sociale".

Près de 36 millions d'électeurs étaient appelés aux urnes dans un pays traumatisé par cinq ans de crise et où encore un actif sur cinq est au chômage malgré la reprise économique qui a démarré fin 2013.
 

Avec AFP et Reuters