
Thomas Lubanga et Germain Katanga ont été transférés samedi en RDC pour purger leur peine. Ils ont respectivement été condamnés par la CPI à quatorze et douze ans de prison pour des crimes commis pendant la guerre civile en 2002 et 2003.
Germain Katanga et Thomas Lubanga purgeront leurs peines de prison en République démocratique du Congo (RDC). Les deux anciens chefs de milice congolais y ont été transférés samedi 19 décembre. "C’est la première fois que la CPI désigne un État pour l’éxecution des peines prononcées par la Cour", a indiqué la Cour pénale internationale dans un communiqué.
Germain Katanga avait été condamné à douze ans de prison en mai 2014 pour complicité de crimes contre l'humanité. Il était poursuivi pour l'attaque en 2003 du village de Bogoro, dans le nord-est de la RDC. Surnommé Simba, ou le "lion" de l’Ituri, il était accusé d'avoir réduit à néant ce village, dans une région en proie à des conflits interethniques depuis quinze ans.
Aujourd’hui âgé de 36 ans, et père de six enfants, Germain Katanga était, pendant la guerre civile en Ituri (nord-est de la RDC), le commandant des Forces de résistances patriotiques en Ituri (FRPI), une milice dont de nombreux membres, des ethnies Lendu et Ngiti, sont soupçonnés d'avoir participé à des massacres à caractère ethnique dirigés contre les Hema. Lors de son procès, l’homme avait été blanchi des autres chefs d’accusation de viol comme arme de guerre et d’enrôlement d’enfants soldats.
L’ancien chef de milice a déjà purgé huit des douze années de sa peine à La Haye. En novembre 2015, les juges de la CPI ont réduit sa peine en raison de "sa bonne conduite en détention". Il devrait donc être libre en janvier prochain.
Recrutement d’enfants soldats
Thomas Lubanga, 54 ans, a le triste privilège d’avoir été la première personne condamnée par la CPI.
L’ancien chef de milice était le fondateur de l'Union des patriotes congolais (UPC). Il a été condamné en 2012 à quatorze ans de prison pour avoir enrôlé des enfants de moins de 15 ans, en 2002 et 2003. L’homme a plaidé non-coupable, affirmant même s’être opposé au recrutement d’enfants dans les rangs de son armée.
Mais, selon les juges, l’ancien seigneur de guerre s’était rendu en personne dans les villages pour enrôler de très jeunes gens. Ils affirment également que les soldats et les commandants de son armée ne s’étaient pas privés d’utiliser des fillettes comme servantes et esclaves sexuelles. "Lubanga recrutait et entraînait des centaines d’enfants pour qu’ils tuent, pour qu’ils pillent, pour qu’ils violent", avait affirmé l'ancien procureur Luis Moreno Ocampo en décembre 2009.
Thomas Lubanga est incarcéré depuis 2006 dans la prison de Scheveningen, aux Pays-Bas. Sa détention en RDC devrait donc durer moins de cinq ans.