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Syrie : Human Rights Watch détient des preuves "accablantes" de crimes contre l’humanité

Grâce à des milliers de clichés de corps de prisonniers, morts dans des geôles syriennes, Human Rights Watch assure, dans un rapport, détenir des preuves "accablantes" de crimes contre l'humanité perpétrés par le régime de Bachar al-Assad.

Dans un rapport publié mercredi 16 décembre, l’ONG Human Rights Watch estime posséder la preuve "accablante" que le régime de Bachar al-Assad se livre à des crimes contre l’humanité en Syrie.

Ce rapport se base sur de nombreuses photos exfiltrées du pays par "César", un ex-photographe de la police militaire syrienne qui s'était enfui de Syrie en juillet 2013. Il avait alors emporté avec lui plus de 53 000 photographies effroyables de corps torturés.

Sur ces photos, 28 707 clichés représentent des gens morts dans les centres de détention des services de sécurité du régime syrien, les moukhabarat. D’après ses recherches, HRW indique que ces photographies concernent 6 700 individus, dont 100 enfants. Le reste correspond à des soldats morts au combat et des scènes d’attaque.

Les clichés montrent des yeux arrachés, des gens avec des lésions sur le dos ou le ventre, des corps décharnés et des centaines de cadavres gisant dans un hangar, au milieu de sacs de plastique devant servir à les enterrer.

Mort à 14 ans pour une chanson anti-Assad dans son portable

"Nous avons méticuleusement vérifié des dizaines de récits et nous sommes certains que les photographies de César sont des preuves authentiques et accablantes de crimes contre l'humanité en Syrie", affirme Nadim Houry, vice-président de HRW pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.

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L’ONG indique avoir interviewé durant neuf mois 33 proches de 27 victimes identifiées, 37 anciens prisonniers qui ont vu des personnes mourir en détention et quatre anciens gardiens de centres de détention ou hôpitaux militaires qui ont fait défection. Seuls huit noms de victimes, sur les 27 confirmées, ont été publiés. Ces personnes sont mortes de faim, de maladie ou à la suite de tortures.

Vidéo de Human Rights Watch (en anglais)

Parmi elles, Ahmad al-Musalmani, arrêté à l’âge de 14 ans en août 2012 parce qu'il avait dans son téléphone portable une chanson anti-Assad. Il essayait de passer la frontière libanaise pour assister à l'enterrement de sa mère. Son oncle, un ancien avocat, a payé plus de 14 000 dollars pour sa libération, en vain.

Quand les photos de César ont été publiées, Dahi al-Musalmani a reconnu son neveu. "Ce fut le choc de ma vie. Je l'ai cherché pendant 950 jours. Avant de mourir sa mère m'avait dit : 'Je le laisse sous ta protection'. Quelle protection aurais-je pu lui donner?"

"Une infime partie des personnes mortes"

"Ces photographies représentent une infime partie des personnes qui sont mortes alors qu'elles étaient détenues dans les geôles syriennes. Des milliers d'autres subissent le même destin", a souligné Nadim Houry.

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"Ceux qui œuvrent pour la paix en Syrie doivent s'assurer que les personnes qui ont supervisé ce système répondent pour leurs crimes", a-t-il ajouté, en référence aux pays qui prennent part aux pourparlers sur l'avenir du pays.

Ce rapport intervient à un moment où les pays occidentaux, notamment la France, ne font plus du départ du président Bachar al-Assad une priorité, concentrant leurs efforts dans la lutte contre l’organisation jihadiste de l’État islamique (EI). Mardi, Moscou et Washington, deux puissances qui pilotent la relance du processus diplomatique, ont d’ailleurs annoncé la tenue d’une nouvelle réunion internationale cruciale sur la Syrie, vendredi à New York.

Avec AFP