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Un imam de Troyes a-t-il été le mentor d’un des kamikazes du Bataclan ?

Abdelilah Ziyad a été condamné en 1997 en France à huit ans de prison pour avoir commandité un attentat au Maroc, son pays d’origine. Il pourrait avoir été le mentor d’Omar Ismaïl Mostefaï, l’un des kamikazes du Bataclan.

Son nom n’a pas fait la une des journaux et pour cause : c’est sous la fausse identité d'Abdelkrim qu’Abdelilah Ziyad prêchait comme imam de la mosquée des Bas-Trévois de Troyes depuis deux ans. L’émission de France 2 "Complément d’enquête", diffusée le 10 décembre, a en effet retrouvé sa trace et diffusé un extrait d’un de ses récents prêches. L’homme a également répondu aux questions du magazine, niant avoir été proche d’Omar Ismaïl Mostefaï, l’un des tueurs du Bataclan.

Mediapart avait révélé le 24 novembre que Mostefaï avait rencontré Abdelilah Ziyad lorsque ce dernier officiait comme imam à la mosquée Anoussra de Chartres. Cet islamiste de 57 ans a été condamné en 1997 par le tribunal correctionnel de Paris à huit ans de prison pour avoir commandité l’attentat de Marrakech du 24 août 1994. C’est un militant islamiste de longue date, présenté comme l'émir du Mouvement de la jeunesse islamiste marocaine (MJIM), un mouvement d'opposition au régime marocain.

Libéré en 2001, et interdit de séjour en France pendant dix ans, il reste malgré tout sur le territoire français, selon "Le Figaro", en utilisant une fausse identité.

Des braquages pour financer des actions jihadistes

Ce n’est qu’en 2010 qu’il réapparaît, lorsque le juge antiterroriste Marc Trévidic le met en examen pour complicité et recel de vols avec arme en bande organisée en relation avec une entreprise terroriste. Marc Trévidic le soupçonne alors d'avoir demandé à des recrues d'Île-de-France et des environs d'Orléans de commettre des braquages en région parisienne dans la première moitié des années 1990. Ces attaques auraient eu pour objet de financer des actions jihadistes. L’enquête est toujours en cours.

Libre sous contrôle judiciaire, il n’est pas assigné à résidence après les attentats du 13 novembre.

Selon son avocat, Vincent Courcelle-Labrousse, Abdelilah Ziyad "dément totalement être le mentor de Mostefaï". "Il a peut-être animé des prières à cette époque" dans cette mosquée de Chartres, "il dit qu'il a peut-être croisé ce monsieur, mais, en aucun cas comme animateur d'un groupe dans un cercle fermé où il aurait eu un rôle d'enseignement", a insisté l'avocat dans un entretien à l'AFP.

"[S']il a évolué dans ses convictions", Ziyad est "un militant islamiste assumé, qui a lutté contre Hassan II", le roi du Maroc décédé en 1999. Son action politique "se restreignait au Maroc et à la problématique de la lutte contre Hassan II et contre le régime marocain", a expliqué Me Courcelle-Labrousse. Abdelilah Ziyad "n'a jamais été dans une démarche de jihadisme global".

Selon le journal "L’Est Éclair", le responsable de l’Association culturelle des musulmans de Troyes, qui gère la mosquée de Bas-Trévois, s’est séparé de l’imam, vendredi 4 décembre.

Avec AFP