
Loin de revenir sur sa proposition d’interdire d’accès le territoire américain aux musulmans, Donald Trump se justifie en reprenant un argument de Fox News, qui assurait en janvier qu’à Paris, des zones "radicalisées" étaient interdites à la police.
L’histoire avait fait grand bruit peu après les attentats contre Charlie Hebdo. Un expert de la chaîne conservatrice Fox News assurait qu’à Paris, il y avait des “no-go zones” (zones interdites) où la loi islamique (la charia) était appliquée et où les non-musulmans n’étaient pas les bienvenus.
Devant la levée de bouclier mondiale suscitée par ces propos - l’histoire avait fait réagir jusqu’à la maire de Paris Anne Hidalgo - la chaîne avait présenté ses excuses. Un repentir qui n’a semble-t-il pas convaincu Donald Trump, le candidat à l’investiture républicaine, toujours en tête dans les sondages.
Lui-même sous le feu des critiques pour sa sortie sur les musulmans, qu’il voudrait voir interdits d’entrer en Amérique, il reprend, sur la chaîne américaine MSNBC, l’argument des “no-go zones”.
“Paris n’est plus la ville qu’elle était. Il y a des endroits dans Paris qui sont ‘radicalisés’, où la police refuse de se rendre. Ils sont pétrifiés.” Seule différence avec la diatribe de Fox News, Trump prend cette fois le soin d’ajouter Londres à la liste des villes passées sous la coupe des musulmans radicaux.
Une accusation qui n’a pas fait réagir à la mairie de Paris, peut-être par lassitude, mais à laquelle le maire de Londres, Boris Johnson, a répondu avec humour : "La seule raison pour laquelle je n’irai pas dans certains coins de New York, c’est parce que je risque d’y croiser Donald Trump”.
Quand Trump se compare à Roosevelt
L’outrance des sorties de Trump ne semble pourtant pas lui porter préjudice, au contraire. Loin de le décrédibiliser, chaque nouvelle provocation lui fait gagner des points dans les sondages. Et s'il revendique son côté politiquement incorrect, il estime également avoir la stature d’un chef d’État. Pour preuve, il évoque l’un des présidents les plus emblématiques des États-Unis pour justifier sa dernière provocation.
Il assure qu’il s’est inspiré de Franklin Delano Roosevelt, le président démocrate qui a dirigé les États-Unis pendant la majeure partie de la seconde guerre mondiale, pour sa sortie sur les musulmans. Il rappelle que “FDR” avait autorisé, au début de la guerre, après l’attaque de Pearl Harbour, la détention arbitraire d’immigrés japonais, allemands et italiens.
Our country is facing a major threat from radical Islamic terrorism. We better get very smart, and very tough, FAST, before it is too late!
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) December 9, 2015Jusqu’où peut aller l’extravagant milliardaire ? Si la plupart des analystes politiques américains lui prédisent un effondrement prochain, chacune de ses saillies semble au contraire le renforcer. En plus des démocrates, il a désormais à dos l’establishment républicain et les médias, y compris les plus conservateurs. Il a même déclaré la guerre à l’institution Fox News, s’en prenant à l’une de ses plus célèbres journalistes, jugeant la chaîne trop modérée.
Une posture “seul contre tous” qu’il cultive à l’approche des premières primaires, prévues en février dans l’Iowa et le New Hampshire. Ses rivaux en sont réduits à commenter ses propos, repris en boucle sur les chaînes de télévision.
Il y a fort à parier qu’il va continuer, convaincu que le terreau est fertile en Amérique pour un populisme débridé, comme le résume la commentatrice conservatrice Laura Ingraham. “Quiconque pense que les propos de Donald Trump vont lui nuire n’a pas pris la température du peuple américain…”