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Hollande, Obama, Xi, Poutine... ce qu'ont dit les chefs d'État à la COP21

Plus de 150 chefs d'État et de gouvernement réunis au Bourget, près de Paris, ont donné le coup d’envoi de la COP21 en soulignant l’urgence de trouver un accord pour contrer le réchauffement climatique. Retour sur les principales déclarations.

C’est dans un parc des expositions du Bourget, au nord de Paris, transformé en forteresse en raison des attentats du 13 novembre que plus de 150 chefs d'État et de gouvernement ont donné le coup d’envoi, lundi 30 novembre, de la 21e conférence climatique de l'ONU (COP21). Pour ce sommet hors normes qui se tiendra jusqu'au 11 décembre, l’objectif est "d’aboutir à un accord universel contre un réchauffement planétaire qui risque de mener à la destruction de la planète".

Dès 10 heures (heure de Paris), les dirigeants du monde entier se sont succédé à la tribune de la COP21 pour souligner l'urgence de répondre à ce défi majeur posé à l’avenir de la planète. "Nous devons [à nos enfants] une planète préservée des catastrophes", a ainsi insisté le président français, François Hollande, soulignant que la COP21 est "un immense espoir que nous n'avons pas le droit de décevoir". Et d’ajouter : "Les bons sentiments, les déclarations d'intention ne suffiront pas. Nous sommes au bord d'un point de rupture".

Le chef de l’État hôte du sommet a ensuite présenté les trois conditions qui, selon lui, permettront de faire de la COP21 un succès : tracer une trajectoire crédible permettant de contenir le réchauffement climatique "en dessous des 2°C ou même 1,5 si c'est possible" ; apporter "au défi climatique une réponse solidaire, aucun territoire ne doit pouvoir être laissé seul face au dérèglement climatique" et faire en sorte "que toutes nos sociétés, dans leur grande pluralité, diversité, se mettent en mouvement".

"Une mission dont l'ensemble de l'humanité doit se saisir"

De leur côté, les présidents américain et chinois, dont les pays sont les deux plus gros pollueurs de la planète, ont indiqué qu'il était de leur "responsabilité d'agir", "Les États-Unis reconnaissent leur rôle dans la genèse du problème" du réchauffement climatique et "assument leur responsabilité pour le régler", a déclaré Barack Obama. "Nous sommes en mesure de changer l'avenir ici et maintenant, mais ce ne sera possible que si nous sommes à la hauteur des enjeux […] Nous avons prouvé qu'une croissance économique forte et un environnement plus sain n'étaient pas forcément en conflit."

"Lutter contre le changement climatique, c'est une mission dont l'ensemble de l'humanité doit se saisir", a pour sa part fait savoir le dirigeant chinois, Xi Jinping. Les pays développés doivent "être à la hauteur de leurs engagements" en parvenant d'ici à 2020 à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour financer des projets climat dans les pays du Sud, a-t-il pousuivi, tout en appelant les pays riches à "apporter un appui financier accru" au-delà de 2020 aux pays en voie de développement pour les aider à lutter contre le réchauffement climatique.

Arrivé peu après l’ouverture du sommet, Vladimir Poutine s’est dit "favorable à ce que l'on trouve un accord où on limite l'augmentation du réchauffement climatique à 2°C" et a plaidé pour "un accord global, efficace et surtout équilibré et égalitaire". "Nous pouvons accorder toute l'attention à notre croissance économique tout en nous préoccupant du sort de la nature", a ajouté le président russe.

Peu avant, la chancelière allemande, Angela Merkel, a elle aussi exhorté ses pairs à trouver un accord. "À Paris, nous devons tenir les promesses que nous avions faites à Copenhague et nous devons obtenir des résultats concrets d'ici 2020, à savoir le déblocage de 100 milliards de dollars annuellement".

"Les dégâts passés" dus au changement climatique "sont une responsabilité qui nous incombe", a-t-elle souligné. La conférence de Paris est "une occasion de faire de nos belles théories une réalité en réduisant les températures et en évitant qu'elles dépassent 2°C", a-t-elle ajouté. Avant de préciser : "Nous savons que les petits États insulaires risquent de dire ‘ça ne suffit pas’".

Avant la tenue de la COP21, 184 pays sur 195 avaient publié des plans de réduction de leurs émissions, une participation inespérée qui place cependant encore le monde sur une trajectoire de + 3°C. Les négociations s'annoncent ardues car tous les pays ont leur propre "ligne rouge", qu'ils ne voudront pas franchir.

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Les pays développés doivent "assumer plus de responsabilités" que les pays en voie de développement et ceux-ci doivent être "autorisés à se développer", a ainsi prévenu dans une tribune du "Financial Times" le Premier ministre indien, Narendra Modi, dont l’intervention à la tribune est l’une des plus attendues.

Le confilt syrien s’invite à la COP21

Cette journée devrait aussi être rythmée par de nombreuses rencontres bilatérales qui vont au-delà de la question du climat. Sur fond de conflit syrien, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a dit vouloir rencontrer Vladimir Poutine, après que l'aviation turque a abattu mardi un bombardier russe. Une invitation que le chef de l’État russe a décliné, a indiqué le Kremlin.

Barack Obama a quant à lui rencontré Vladimir Poutine et devait également s'entretenir avec Xi Jinping et Narendra Modi, tandis que François Hollande devait rencontrer les présidents palestinien Mahmoud Abbas et égyptien Abdel Fattah al-Sissi.

En raison de la présence à Paris de la plupart des dirigeants du monde entier, la capitale française est surveillée par 6 300 membres des forces de l'ordre et soumise à des restrictions de circulation. Le rassemblement de 152 chefs d'État et de gouvernement en un même lieu, le même jour, est d'autant plus exceptionnel qu'il intervient après les attentats du 13 novembre à Paris, auxquels les orateurs ont pratiquement tous fait référence.

Avant de prendre l'un après l'autre la parole, ils ont observé une minute de silence à la mémoire des 130 personnes tuées lors de ces attentats. "Ces événements tragiques nous affligent mais en même temps nous obligent, a affirmé François Hollande. Je n'oppose pas la lutte contre le terrorisme à la lutte contre le réchauffement climatique. Ce sont deux grands défis mondiaux que nous devons relever."