La France et la Russie ont présenté à l'Onu des projets de résolution concurrents dans le cadre de la lutte internationale contre l'EI. Moscou insiste pour associer le régime syrien à ce combat.
Moscou a présenté mercredi au Conseil de sécurité de l'ONU une nouvelle version de son projet de résolution antiterroriste, qu'elle avait présenté une première fois le 30 septembre et qui avait été immédiatement rejeté par la Grande-Bretagne, tandis que Paris continue de peaufiner un texte concurrent en réaction aux attentats meurtriers du 13 novembre.
L'ambassadeur russe, Vitali Tchourkine, a déclaré devant le Conseil que le nouveau texte avait été réécrit pour se concentrer davantage sur la lutte contre l’organisation de l’État islamique (EI). Et ce, après les récents attentats terroristes revendiqués par le groupe jihadiste à Paris, Beyrouth et contre un avion de ligne russe dans le Sinaï égyptien, ont indiqué des sources diplomatiques à Reuters, sous le sceau de l'anonymat.
Pour l'ambassadeur français François Delattre, le texte russe présente de "légères modifications" par rapport à celui présenté fin septembre par Moscou. Il s'agit "d'une contribution que nous allons étudier avec attention", s'est-il contenté de déclarer à la presse, précisant qu'un texte commun franco-russe n'était pas à l'ordre du jour.
Pour sa part, a-t-il souligné, la France continue d'élaborer un projet de résolution "court, fort et centré sur la lutte contre notre ennemi commun Daech", acronyme arabe de l’EI qui a revendiqué les attentats meurtriers de Paris. Les Français espèrent faire adopter ce texte dans les prochains jours afin de fournir une "réponse unie de la communauté internationale".
Lutter contre l’EI avec ou sans le régime syrien ?
Vitali Tchourkine a estimé devant des journalistes "qu'il n'y avait pas de compétition entre les deux textes", ni même "un large écart". "Nous pensons qu'il faut un effort concerté de la communauté internationale", a-t-il souligné en jugeant le nouveau texte russe acceptable "pour tous ceux qui veulent vraiment lutter contre le terrorisme". Il a été "accueilli de manière positive" au Conseil, a-t-il affirmé. Mais il reste à voir s'il sera possible de réconcilier les deux initiatives.
Et pour cause, le diplomate russe a rappelé que pour Moscou, l'EI n'était pas le seul groupe terroriste opérant en Syrie et que son pays souhaitait toujours associer le régime syrien aux efforts anti-terroristes, un point de fort désaccord avec les Occidentaux.
"En terme de légalité internationale, un accord avec le gouvernement syrien est très important", a-t-il expliqué. "Le gouvernement syrien est un des éléments dans la lutte contre les terroristes" et le tenir à l'écart aboutirait à "affaiblir" une riposte unie, a-t-il ajouté.
Le projet russe initial, présenté par Vladimir Poutine lui-même à l'occasion de la réunion de l'Assemblée générale de l'ONU fin septembre, proposait une large coalition contre l'EI associant le régime de Bachar al-Assad. Le texte demandait à tous les pays de "coordonner leurs activités" contre le terrorisme "avec le consentement des États sur les territoires desquels de telles activités sont menées", une référence à la Syrie et à l'Irak, où opère l’EI.
Avec AFP et Reuters