
Alors que l'ONU s'apprête à envoyer des Casques bleus si le Burundi replonge dans la violence, la communauté internationale a appelé jeudi le gouvernement du pays et l'opposition à se rencontrer "d'urgence" pour trouver une solution à la crise.
La communauté internationale craint des violences à grande échelle au Burundi. Pour tenter de calmer la situation, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté jeudi 12 novembre à l’unanimité une résolution proposant de renforcer la "présence" de l'ONU dans le pays.
Cette résolution proposée par la France permettrait à l’ONU d’envoyer une "équipe" d'experts et de préparer dans les deux semaines à venir des "options". Pour l'ambassadeur français à l'ONU François Delattre, il faut en effet "tout faire pour prévenir un embrasement" du pays et des "violences ethniques".
Selon l'ambassadeur britannique Matthew Rycroft, qui préside le Conseil en novembre, l'une de ces options serait d'envoyer au Burundi certains des 2 000 Casques bleus opérant en République démocratique du Congo (RDC) si la situation tourne au génocide.
Mais pour que ce plan soit mis en place, il faudrait que Bujumbura donne son accord, ou que le Conseil adopte une nouvelle résolution contraignante. L'ambassadrice américaine Samantha Power a reconnu qu'il s'agirait "d'une affaire compliquée". "Notre objectif premier est que le Burundi ne tombe pas dans les violences de masse", a-t-elle cependant insisté.
À Malte, en marge d'un sommet euro-africain, trois hauts responsables de l'ONU, de l'Union africaine et de l'UE ont ainsi souligné "l'urgence d'organiser une réunion entre le gouvernement burundais et des représentants de l'opposition à Addis Abeba ou à Kampala, sous la présidence du président (ougandais Yoweri) Museveni".
Une escalade de violence
Mais cette initiative n'a pas été bien reçue à Bujumbura. "Nous sommes très surpris de voir ce communiqué qui démontre en effet qu'il y en a qui voudraient décider en lieu et place du peuple burundais", a ainsi réagi auprès de l'AFP Willy Nyamitwe, influent conseiller du président Nkurunziza, qui avait annoncé fin avril sa candidature pour un troisième mandat, jugé anticonstitutionnel par l'opposition, la société civile et une partie de son camp.
"Ce n'est ni aux Nations unies, ni à l'Union européenne, et encore moins à l'Union africaine de décider à la place des Burundais", a-t-il ajouté. "Une commission chargée d'organiser ce dialogue est en place et rencontrera les Burundais à l'intérieur et à l'extérieur du pays".
Le Conseil de sécurité de l'ONU est lui-même divisé sur la question. Afin de convaincre la Russie et les pays membres africains (Nigeria, Tchad, Angola), la France a dû retirer de son projet de résolution une référence explicite à des sanctions contre les responsables burundais qui incitent à la violence.
La situation s'est aggravée au Burundi depuis la réélection contestée de Pierre Nkurunziza le 21 juillet. Les violences opposent désormais les autorités à des groupes de contestataires armés. Depuis fin avril, au moins 240 personnes ont été tuées et plus de 200 000 personnes ont déjà quitté le pays. Le Burundi est sorti il y a moins de dix ans d'une longue guerre civile qui a fait quelque 300 000 morts entre 1993 et 2006.
Avec AFP