Après une série d'attaques-suicides perpétrées par Boko Haram sur les rives du lac Tchad, les autorités de N'Djamena ont décidé de renforcer le pouvoir de contrôle des forces de sécurité déployées dans la zone.
Les autorités du Tchad ont annoncé, lundi 9 novembre, avoir décrété l'état d'urgence dans la région du lac Tchad à la suite d'une série d'attaques menées par les jihadistes de Boko Haram. Le ministre tchadien des Communications, Hassan Sylla Bakari, a précisé que cette mesure renforcerait les pouvoirs de contrôle des forces de sécurité.
Dimanche, deux femmes kamikazes ont tué au moins trois personnes et en ont blessé une dizaine d'autres à Ngouboua, un village de pêcheurs sur les rives du lac Tchad. Ce village abrite des Tchadiens déplacés ainsi que des réfugiés nigérians qui ont fui les violences de l’organisation État islamique en Afrique de l'Ouest, le nouveau nom des insurgés de Boko Haram. Le 1er novembre, deux soldats et 11 assaillants ont été tués lors de deux attaques dans cette même région.
L'attaque la plus meurtrière sur les rives tchadiennes du lac s'est produite le 10 octobre. Un triple attentat à l'explosif commis par des kamikazes à la sous-préfecture de Baga Sola, s'était soldé par 41 morts et 48 blessés, selon le gouvernement tchadien.
Mali, Nigeria, Centrafrique… les fronts sont multiples
Face à la multiplication des attaques terroristes sur son sol, le Tchad a demandé un plus fort engagement financier du continent africain dans la lutte contre le jihadisme. "L'engagement coûte très cher [...] Nous sommes convaincus de la nécessité d'intervenir mais cela implique des moyens financiers, matériels conséquents", a affirmé ce week-end le ministre tchadien des Affaires étrangères, Moussa Faki Mahamat, au Forum international de Dakar sur la sécurité en Afrique.
"En plus des engagements pris par l'État lui-même, il faut que l'engagement soit régional, continental avant d'être international. Il faut un soutien conséquent. Les promesses, les annonces n'aident pas", a-t-il insisté, en pointant du doigt l'Union africaine (UA).
Le Tchad compte parmi les pays les plus pauvres du monde malgré la manne pétrolière tirée d’une exploitation débutée en 2003. La production était de l'ordre de 100 000 barils par jour en 2013, selon les chiffres du département américain de l'Énergie, et les revenus pétroliers lui ont permis notamment de moderniser son armée et de se doter d'un meilleur réseau routier.
Mais la situation s'est fortement détériorée avec la chute des cours du baril sur les marchés internationaux, et le Tchad peine aujourd'hui à financer des guerres coûteuses alors que son armée est déployée sur des fronts multiples, au Mali et au Nigeria après la Centrafrique en 2013-2014.
Avec AFP