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Le pianiste Tigran Hamasyan, le chanteur Faada Freddy et d’autres artistes se réunissent mardi à Paris, le temps d’une soirée organisée par Amnésie internationale contre l’oubli des génocides. Ou comment concilier musique et mobilisation citoyenne.

En cette année du centenaire du génocide des Arméniens, le projet Amnésie internationale veut mobiliser le public, en France, contre l’oubli des génocides du XXe siècle. Dans cette optique, une soirée est organisée à Paris, au Trabendo, mardi 10 novembre avec concerts, expositions et tables rondes. Le slogan : "Unis contre l’oubli des génocides". Les Arméniens il y a 100 ans, les juifs et les Tziganes pendant la Seconde Guerre mondiale, les près de deux millions de Cambodgiens victimes du régime Khmer rouge entre 1975 et 1979, ou encore plus récemment les Tutsis au Rwanda, les raisons de dire "Plus jamais ça", le leitmotiv de l’événement, sont nombreuses.

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"Sensibiliser le public pour que cela ne se répète pas"

"Il faut en parler, sensibiliser le public pour que cela ne se répète pas", explique Fred Azilazian, co-organisateur de la soirée Amnésie internationale. "L’idée est née en 2001 à Marseille, où, avec l’association de la Jeunesse arménienne de France, nous avons voulu faire partager notre combat pour la reconnaissance du génocide des Arméniens aux autres peuples victimes de la barbarie du siècle dernier." Depuis, plusieurs "concerts engagés" ont réuni plus de 20 000 personnes dans la cité phocéenne.

Au programme cette année à Paris, des artistes "qui sont touchés de près ou de loin par cette problématique", explique l’organisateur : le pianiste de jazz d’origine arménienne Tigran Hamasyan, qui mêle musique classique, rock et airs traditionnels, le chanteur de soul sénégalais Faada Freddy, la chanteuse tzigane Norig, entre autres. Mais aussi la danseuse de flamenco Lori La Armenia ou les humoristes Mathieu Madénian et Thomas VDB. Pas de revendication politique, pas de collecte de fonds, cette soirée se veut avant tout citoyenne.

Charte pour le travail de mémoire face aux génocides

Car ce n’est pas un concert qui mettra fin aux crimes contre l’humanité à travers le monde, les organisateurs de la soirée en sont bien conscients : "La musique et les spectacles sont d’excellents moyens de faire passer notre message, explique Fred Azilazian. Le public vient avant tout pour un concert, mais il repart en étant peut-être plus sensible et plus informé sur la question." Le collectif a d’ailleurs rédigé une Charte pour le travail de mémoire face aux génocides, qui cherche à prouver que cela peut concerner tout le monde, chacun à son échelle. Elle se conclut ainsi : "Que l’on cache l’horreur, je m’engage à témoigner. Que l’on nie le crime, je m’engage à le révéler."

Lors de cette soirée se tiendra une exposition de la photographe Myriam Abdelaziz "Portraits d’un génocide", sur les rescapés du Rwanda, une installation photo participative mais aussi un espace de dialogue et de réflexion sur le thème de la destruction culturelle lors des génocides. "Car au-delà d’un événement, il y a un message de vigilance à faire passer : ‘si on ne fait rien, l’histoire risque de se répéter’, insiste Fred Azilazian. Il y a d’ailleurs cette année une grosse résonnance avec l’actualité, en Syrie notamment, et ailleurs en Afrique."

Amnésie internationale, mardi 10 novembre à partir de 18 h au Trabendo, à Paris.