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L’afflux de migrants est une aubaine pour l’économie européenne, estime Bruxelles

Pour la première fois, la Commission européenne a évalué dans ses prévisions les effets de l'immigration sur l'économie. Verdict : pour Bruxelles, l'arrivée prévue de 3 millions de migrants d'ici 2017 représente un stimulant pour l'économie.

Dans son rapport de plus de 200 pages de prévisions économiques publié jeudi 5 novembre, la Commission européenne a prédit l'arrivée, d'ici à 2017, au sein de l'Union européenne (UE) de trois millions de migrants fuyant la guerre et la pauvreté. Un afflux qui devrait avoir un impact "faible mais positif" sur la reprise économique, a précisé Bruxelles en direction des détracteurs de la politique d'accueil des réfugiés.

C'est la première fois que la Commission européenne évalue dans ses prévisions les effets de l'immigration sur l'économie, alors que l'Europe est confrontée à un afflux sans précédent de demandeurs d'asile cette année.

Cette évaluation "vient combattre un certain nombre d'idées reçues", a indiqué le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici, lors d'une conférence de presse, citant notamment les craintes soulevées "d'un impact négatif sur la croissance ou d'évictions sur le marché du travail".

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"Trajectoire de reprise"

Après une croissance de 1,6 % cette année dans la zone euro, Bruxelles table sur 1,8 % pour 2016, révisant très légèrement à la baisse sa prévision de printemps. Pour 2017, elle mise sur 1,9 % de croissance. "L'économie européenne reste sur une trajectoire de reprise", a souligné Pierre Moscovici.

Trois facteurs temporaires soutiennent la croissance actuellement, a relevé de son côté le vice-président de la Commission européenne en charge de l'euro, Valdis Dombrovskis : "le faible niveau des prix du pétrole, la baisse du taux de change de l'euro et la politique monétaire accommodante de la BCE", destinée à stimuler l'économie. Par ailleurs, "la zone euro a résisté à des facteurs extérieurs tels que le ralentissement du commerce mondial, ce qui est encourageant", a-t-il noté.

En prenant en compte les dépenses publiques et l'apport de main-d'œuvre supplémentaires, Pierre Moscovici a estimé que l'impact de l'arrivée des migrants devrait apporter "0,2 à 0,3%" de croissance "d'ici 2017" pour l'ensemble de l'UE. Il a toutefois souligné que cet effet positif dépendrait des politiques d'intégration pour faciliter l'accès au marché du travail. Et bien entendu, il serait "plus important pour les pays d'accueil".

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Allemagne : aubaine ou fardeau ?

En tête de ceux-ci, l'Allemagne, première économie européenne, qui a enregistré depuis le début de l'année un nouveau record de 758 473 migrants comptant demander l'asile, selon des chiffres rendus publics jeudi. D'après les prévisions de Bruxelles, la croissance allemande s'élèverait à 1,7 % en 2015 et atteindrait 1,9 % en 2016, comme en 2017. Son taux de chômage augmenterait légèrement : 4,7 % en 2015, 4,9 % en 2016 et 5,2 % en 2017.

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Alors que la chancelière Angela Merkel est de plus en plus critiquée dans son pays pour sa politique de solidarité vis-à-vis des réfugiés, en particulier venant de Syrie, le débat s'est en tous les cas ouvert dans les milieux économiques et journaux allemands.

Certains voient comme une aubaine cette arrivée de main-d'œuvre jeune dans un pays de plus en plus grisonnant, d'autres estiment en revanche leur poids trop lourd pour les finances publiques, qui sont excédentaires et devraient le rester ces deux prochaines années, selon Bruxelles.

Avec AFP