
Des footballeurs professionnels du FC Nantes ont testé des "gélules thermomètres connectées" lors de deux rencontres de Ligue 1 en septembre. L’objectif est d’améliorer les performances des joueurs en observant leur capacité de thermorégulation.
L’ère 2.0 continue de déferler sur le monde du sport. En septembre, pour la première fois, des gélules thermomètres connectées, sorte de petits cachets équipés de capteurs électroniques, se sont retrouvées dans l’estomac de joueurs de football professionnels : ceux du FC Nantes. Le club de Ligue 1, désireux de retrouver son luxe passé, a annoncé avoir testé ces gélules d’un nouveau genre sur dix joueurs volontaires lors des rencontres à domicile contre Rennes, le 13 septembre, et contre le PSG, le 26 septembre, a-t-on appris lundi 2 novembre.
Cette pilule, appelée e-Celsius Performance et créée par la société française BodyCap, permet de suivre au plus près l’évolution thermique des athlètes en condition d’effort. Concrètement, le comprimé est avalé quelques heures avant le début du match. Une fois ingéré, il transmet toutes les 30 secondes, via une communication sans fil, la température gastro-intestinale de l’athlète à un moniteur, précise la compagnie basée à Caen dans un communiqué. La gélule est ensuite éliminée par le transit intestinal.
"On voulait voir la thermorégulation d'un joueur de football durant un match de compétition, ce qui n'avait jamais été fait", a expliqué à l'AFP Philippe Daguillon, le kiné soigneur du FC Nantes. "On a eu des gars qui sont montés à plus de 39°C durant les matchs, donc ça chauffe quand même !" a-t-il observé.
"Améliorer les prestations des joueurs"
Via ces observations en continu de la température interne des sportifs, il s’agit d’analyser l'efficacité de récupération de ces derniers. La récolte de ces données permet en outre de mesurer les effets de la cryo-récupération, technique consistant à prendre des bains glacés (8°C) pour permettre de mieux récupérer après les matchs.
"Avec une utilisation régulière, ces données de température pourraient permettre de moduler et d'individualiser les protocoles d'entraînement et d'adaptation. L’objectif est d’améliorer significativement les prestations des joueurs sur le terrain et d’étudier leurs données physiologiques", détaille BodyCap. La société, qui affirme que cette capsule ne présente aucun danger pour l'utilisateur et son environnement, a salué des "résultats intéressants".
Le principe de cette technologie à ingurgiter n’est pas nouveau. Ce genre de gélules est notamment utilisé en médecine dans le cadre de coloscopies, précise à France 24 Jean-Christophe Pagès, président du comité scientifique du Haut Conseil des biotechnologies. En revanche, son utilisation dans le milieu sportif est, elle, innovante.
Un marché fructueux ?
"En Europe, on estime que près de 100 clubs de football professionnels seraient potentiellement intéressés par cette technologie", se targue la société BodyCap, qui commercialise son produit sur le Vieux Continent depuis juin et vient d’obtenir une autorisation pour le faire aux États-Unis.
Un marché qui pourrait se révéler fructueux compte tenu de l’attrait du sport de haut niveau pour les technologies connectées. En 2014, la raquette de tennis intelligente, capable d’analyser les coups du joueur ou de déterminer la zone d’impact de la balle, avait fait son apparition sur les cours. Début 2015, cet objet high-tech a été adopté par le champion espagnol Rafael Nadal. Auparavant, la combinaison de sport connectée avait déjà permis de mesurer les fréquences cardiaque et respiratoire des sportifs qui la portaient.