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Facebook moins strict sur l'obligation d'utiliser son vrai nom

Facebook ne va plus être aussi strict sur l'obligation pour les utilisateurs d'afficher leur vrai nom sur le célèbre réseau social. Plusieurs communautés et minorités avaient critiqué cette règle d'or.

Une des règles d'or de Facebook vient de prendre du plomb dans l'aile. Le célèbre réseau social a fait savoir, vendredi 30 octobre, que l'obligation d'utiliser son "vrai nom" pour s'inscrire n'allait plus être aussi... obligatoire.

À partir de décembre, le site ne bannira plus automatiquement les comptes d'utilisateurs qu'il sait avoir été ouverts sous un faux nom (pseudonymes farfelus, nom trop générique ou encore référence à des personnalités existantes). Facebook maintient cette obligation mais permettra aux internautes d'expliquer pourquoi ils n'utilisent pas, pour l'instant, le patronyme sous lequel ils sont inscrits à l'état civil, explique dans une lettre ouverte Alex Schultz, l'un des responsables marketing du réseau social. Les équipes du site trancheront, ensuite, au cas par cas.

Le "vrai nom" c'est de l'argent

Il s'agit d'une évolution majeure du corpus des lois facebookiennes. Depuis 2012, le site a maintenu une ligne dure face aux demandes d'internautes qui voulaient pouvoir utiliser un pseudonyme. Officiellement, le roi des réseaux sociaux soutient qu'autoriser une forme d'anonymat serait une aubaine pour les cyber-harceleurs. Il y a cependant une raison plus financière : lorsque Facebook avait annoncé, en août 2012, que 83 millions de comptes avaient été ouverts sous une fausse identité, son action en Bourse avait fortement chuté. Le vrai nom vaut de l'argent pour les publicitaires.

Mais il a aussi valu au groupe une avalanche d'ennuis. Depuis plus d'un an, les drag-queens revendiquent le droit d'utiliser leur nom de scène. Ils affirment être connus sous cette appellation qui leur permet de promouvoir leur activité professionnelle sur les réseaux sociaux.

La politique du "vrai nom obligatoire" serait aussi, d'après eux, un appel aux cyber-harcèlement. Il suffit, en effet, à un internaute de "dénoncer" auprès de Facebook l'utilisation d'un pseudonyme par un utilisateur pour que le compte en question soit fermé. De quoi empêcher les drag-queens de s'exprimer sur la plateforme numérique la plus populaire au monde.

Noms de scène, noms tribaux et vie privée

Ces dénonciations sont encore plus douloureuses pour les transgenres, qui peuvent avoir du mal à faire inscrire leur nouvelle identité à l'état civil, et les victimes de violences domestiques, assure "Lil miss hot mess", un drag-queen qui s'est fait l'ambassadeur du mouvement contre la règle du vrai nom, dans une tribune parue en juin 2015 dans le quotidien "The Guardian". Il cite le cas d'un agresseur qui a retrouvé sa victime grâce à Facebook où elle avait été obligée d'abandonner un pseudonyme choisi exprès pour lui échapper.

Une centaine de ces détracteurs de la règle du "vrai nom" ont manifesté en juin dernier devant le siège de Facebook à San Francisco. Ils y ont été rejoints par des Indiens d'Amérique qui eux aussi se plaignent : le réseau social ne veut pas leur reconnaître le droit d'utiliser leur nom tribaux. Des patronymes qu'ils utilisent pourtant dans la plupart de leurs démarches administratives, comme le raconte Dana Lone Hill, une membre de la tribu Lakota, dans un billet de blog paru en février 2015.

Facebook ne s'est, en outre, pas fait des ennemis qu'aux États-Unis avec cette politique. En Allemagne, l'équivalent de la Cnil à Hambourg a jugé, en juillet dernier, que cette règle violait le droit à la vie privée qui est protégé par la loi allemande. Le site n'a pas non plus le droit, d'après cet organisme de protection des données privés, d'obliger ses utilisateurs à scanner des papiers d'identité pour prouver son vrai nom.

Face à cette levée de bouclier, Facebook a finalement cédé... un peu. Les drag-queens ou les victimes de violence domestique sont toujours à la merci du verdict des responsables du site. Ils peuvent, certes, dorénavant plaider leur cause, mais il n'y a pas de recours possible devant une instance neutre lorsque Facebook tranche, dans un sens ou dans l'autre.