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Kerry et Zarif se rencontrent avant les pourparlers sur la Syrie à Vienne

Le secrétaire d’État américain John Kerry s'est entretenu, jeudi à Vienne, avec son homologue iranien Mohammad Javad Zarif à la veille de la réunion internationale sur la Syrie.

En prélude à la grand-messe internationale sur le règlement du conflit syrien, qui se tient vendredi à Vienne, le chef de la diplomatie américaine John Kerry et son homologue iranien Mohammad Javad Zarif se sont entretenus, jeudi 29 octobre, dans un grand hôtel de la capitale autrichienne.

Si officiellement Washington et Téhéran n'entretiennent pas de relations diplomatiques, les deux hommes se sont côtoyés au moment des négociations sur le nucléaire iranien. Leur rencontre de jeudi marque une avancée notable dans la position américaine, qui jusqu'alors refusait à la République islamique, alliée indéfectible et soutien clé du régime de Bachar al-Assad, une place dans les négociations sur la Syrie. "Il est désormais temps d'accorder à l'Iran une place à la table", a estimé jeudi à Vienne John Kerry.

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Kerry et Zarif se rencontrent avant les pourparlers sur la Syrie à Vienne

En fin de journée, les chefs des diplomaties américaine, russe, turque et saoudienne se sont réunis à leur tour avant les pourparlers de vendredi, qui seront élargis à d’autres acteurs régionaux et européens afin d'évoquer les perspectives d'un règlement du dossier Syrie.

Une première pour l’Iran

C'est la première fois que l'Iran sera représenté à une réunion internationale sur la Syrie. En 2012, ce pays n'avait pas participé à la conférence dite de Genève I, et son invitation à participer à Genève II en 2014 avait été retirée par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, en raison de l'opposition des États-Unis et de l'Arabie saoudite, a rappelé la porte-parole de la diplomatie iranienne.

À son arrivée en Autriche, Mohammad Javad Zarif a déclaré aux journalistes qu'une solution concernant la crise syrienne passait notamment par Téhéran. "Ceux qui ont tenté de résoudre la crise syrienne sont parvenus à la conclusion que, sans la présence de l'Iran, il n'y aura pas moyen de parvenir à une solution raisonnable à la crise", a déclaré le chef de la diplomatie iranienne.

"Nous avons enfin réussi à rassembler autour de la même table tout le monde sans exception, les principaux acteurs [dans le dossier], les membres du Conseil permanent [de sécurité de l'ONU], l'Iran, l'Égypte, les pays du Golfe, l'Irak", s'est félicité de son côté, depuis Moscou, juste avant de partir pour Vienne, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.

Une réunion sur fond de rivalité entre Riyad et Téhéran

L'Iran chiite et l'Arabie saoudite sunnite - les deux grandes puissances rivales de la région - s'opposent ouvertement sur la Syrie. Téhéran apporte un soutien financier et militaire direct au régime de Damas, tandis que la monarchie wahhabite et ses voisins du Golfe soutiennent les groupes rebelles. Pour Riyad, ces pourparlers seront l'occasion de tester "le sérieux" de l'Iran et de la Russie en vue d'un règlement négocié.

"Le fait que les Saoudiens aient accepté la présence des Iraniens à Vienne est déjà significatif. C'est pour cela qu'on peut s'attendre à ce que ce ne soit pas une réunion pour rien", a confié à l'AFP Karim Bitar, directeur de recherches à l'Institut français des relations internationales (Ifri).

Si le sort du président syrien continue de diviser Washington et Moscou, "la crise des réfugiés en Europe a convaincu tout le monde qu'on avait besoin d'une phase de transition, que l'autoritarisme de Bachar al-Assad était un moindre mal", estime Karim Bitar.

Washington et ses partenaires soupçonnent la Russie, engagée militairement depuis le 30 septembre dans des bombardements aériens intensifs en Syrie, de vouloir par ces raids sauver le chef de l'État syrien. Moscou affirme de son côté intervenir contre le "terrorisme".

Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon a appelé jeudi les participants aux discussions à se montrer "flexibles", se félicitant du "haut niveau" des parties prenantes, notamment la présence du ministre iranien des Affaires étrangères.

Mais si toutes les parties s'accordent à dire que l'ouverture de ces pourparlers internationaux est un pas vers une issue négociée à la crise syrienne, personne ne s'attend cependant à une percée lors des réunions de jeudi et vendredi.

Avec AFP