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Attaque de Benghazi : Hillary Clinton imperturbable pendant un interrogatoire de 11 heures au Congrès

La candidate démocrate à la Maison Blanche Hillary Clinton a été interrogée, jeudi, pendant 11 heures par la commission d'enquête sur l'attaque de Benghazi de 2012, qui a coûté la vie à l'ambassadeur Chris Stevens et trois autres Américains.

Sur le grill pendant 11 heures ! La candidate à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle de 2016 Hillary Clinton a répondu, jeudi 22 octobre, toute la journée, aux questions d'une commission d'enquête de 12 membres créée par la majorité républicaine de la Chambre des représentants pour enquêter sur les attaques de Benghazi perpétrées en 2012 en Libye. L'ex-Première dame occupait le poste de secrétaire d'Etat au moment des faits.

Au terme d'une audition record au Congrès américain de Washington DC, l'ancienne chef de la diplomatie américaine semblait avoir rempli ses objectifs : ne pas trébucher, éviter les faux pas, ne pas s'emporter face à ceux qui toute la journée l'ont accusée de négligence et de manipulation politique autour de la tragédie, qui s'est produite dans la nuit du 11 septembre 2012.

Des assaillants extrémistes avaient attaqué l'enceinte diplomatique américaine, puis l'annexe proche de la CIA, tuant l'ambassadeur Chris Stevens et trois autres Américains. Patiemment, mais non sans agacement, Hillary Clinton a redit assumer ses responsabilités, admettant que la sécurité n'était pas au niveau.

Les républicains accusés de politiser une tragédie nationale

Les républicains de la commission d'enquête sur Benghazi, créée en 2014, reprochent à l'administration de Barack Obama d'avoir initialement tenté de cacher le caractère terroriste des attaques, les mettant sur le compte d'une manifestation contre un film islamophobe produit aux États-Unis et qui aurait dégénéré. Barack Obama était alors en pleine campagne pour sa réélection.

"La Libye était censée être un grand succès de la Maison Blanche et du département d'État", a avancé le républicain Jim Jordan. "Vous avez un attentat terroriste 56 jours avant les élections. Vous pouvez accepter une manifestation à propos d'une vidéo, ça ne vous nuit pas. Mais une attaque terroriste, si."

Hillary Clinton, seule face à sept républicains et cinq démocrates, n'a jamais perdu son sang-froid, et contrairement aux auditions de janvier 2013, elle n'a pas élevé la voix jeudi. Les seules altercations se sont produites entre des membres républicains et démocrates de la commission, ces derniers dénonçant l'acharnement des conservateurs à démolir la candidate à la Maison Blanche âgée de 68 ans, dans un but politique.

Elle a néanmoins accusé ses adversaires de rompre avec la tradition américaine en politisant une tragédie nationale, contrairement à ce qu'il s'était passé après les attentats contre le QG des Marines à Beyrouth en 1983 ou en Afrique en 1998.

"Harcèlement"

"Il est profondément malheureux qu'une chose aussi grave que Benghazi puisse être exploitée dans un but politique partisan", a-t-elle déploré. Elle a raconté le brouillard des premières heures, sa "détresse" et ses efforts de toute une nuit pour sauver les Américains encerclés.

Les républicains l'ont longuement interrogée pour comprendre pourquoi des demandes de sécurité supplémentaire pour Benghazi, les mois précédents, avaient été rejetées, malgré des attentats contre des diplomates étrangers.

Hillary Clinton a répondu que ces requêtes ne passaient pas par elle, et que personne ne lui avait recommandé de fermer les installations de Benghazi - pas même l'ambassadeur défunt. L'un des seuls moments de faiblesse de la candidate démocrate fut quand elle reconnut de ne plus se souvenir si elle avait parlé à Chris Stevens dans les mois précédant l'attaque.

Les républicains étaient venus armés d'une pile de messages envoyés et reçus par Hillary Clinton, qu'ils ont fastidieusement épluchés en quête d'une preuve de négligence, mais sans trouver d'élément impliquant indiscutablement l'ex-secrétaire d'État.

Interrogatoire d'une durée record

Des documents en partie obtenus à la suite de l'affaire de la messagerie privée d'Hillary Clinton, qui a éclaté en mars dernier, soulevant des questions sur l'exhaustivité et la sécurité de ses archives. Le système a été découvert par les enquêteurs parlementaires qui réclamaient les communications d'Hillary Clinton relatives à la Libye. Elle a averti que ces messages ne donnaient qu'une vision très partielle de ses actes.

Les démocrates ont profité de l'audition, retransmise sur plusieurs chaînes, pour dénoncer un acharnement politique contre la candidate présidentielle - et un "harcèlement", l'interrogatoire atteignant une durée record. "On dirait que la majorité cherche à vous épuiser pour vous pousser à dire quelque chose qu'ils pourront utiliser contre vous", a affirmé le démocrate Adam Smith.

"Ce n'est pas un procès", a répliqué Trey Gowdy, le président républicain de la commission, qui a fait valoir que la commission cherchait "seulement la vérité". "Madame la secrétaire, aucun membre de cette commission n'est là pour enquêter sur vous ou votre email". Ce dernier était sur la défensive à la suite de propos tenus par des collègues républicains ayant admis que ces investigations avaient pour but de nuire aux ambitions présidentielles de l'ex-First Lady.

Avec AFP et Reuters