logo

Qui est Abou Moutaz, le commandant militaire dont l’EI a confirmé la mort ?

L’organisation de l'État islamique a confirmé, mardi, la mort de l'un de ses combattants Abou Moutaz, tué en août par une frappe américaine en Irak. Une perte de taille pour l’organisation jihadiste dont il était un élément important.

Le porte-parole de l’organisation de l’État islamique (EI) a confirmé, mardi 13 octobre, la mort d’un de ses combattants, Abou Moutaz, également connu sous le nom d'Abou Muslim al-Turkmani. L'annonce de la mort de cet homme, de son vrai nom Fadel Ahmad Abdallah al-Hayali, avait déjà été faite le 18 août 2015 par Washington. La Maison Blanche avait alors déclaré la mort de celui souvent présenté comme "le numéro deux" de l’organisation jihadiste dans une frappe américaine près de Mossoul, en Irak.

"La mort d’al-Hayali est une grande perte pour l’EI", affirme Wassim Nasr, spécialiste des réseaux jihadistes à France 24. Il précise au passage que ce type de classification - numéro un, numéro deux - ne correspond pas à la réalité du système hiérarchique de l’EI. "Il faisait partie du premier cercle de commandants militaires autour d’Abou Bakr al-Baghdadi".

Coordinateur des actions de l’EI entre la Syrie et l’Irak

"L'Amérique s'est réjouie de la mort d'Abou Moutaz en la présentant comme une grande victoire", a ainsi déclaré dans son communiqué le porte-parole de l'EI, Abou Mohamed al-Adnani, en le désignant par l'un de ses multiples pseudonymes. "Je ne vais pas pleurer celui dont le seul souhait était de mourir au nom de Dieu... Il a entraîné des hommes et laissé derrière lui des héros, qui, avec l'aide Dieu, vont faire du mal à l'Amérique", a-t-il ajouté.

En annonçant sa mort en août, Washington avait précisé qu'al-Hayali était l’un des principaux coordinateurs des transferts d'armes, d'explosifs, de véhicules et d'individus entre l'Irak et la Syrie, deux pays frontaliers où l'EI contrôle de vastes territoires. "Il avait une double casquette, confirme Wassim Nasr. Déjà en charge du commandement en Syrie, il a repris les fonctions d’un autre commandant militaire, al-Bilawi, tué il y a quelques mois, qui était derrière la prise de Mossoul", explique-t-il. Et de préciser : "Il avait un rôle de coordinateur des actions de l’EI entre la Syrie et l’Irak, et il a été très efficace, puisqu’on a vu que l’EI a réussi gagner des pans de territoires des deux côtés de la frontière".

Un ancien officier de l’armée sous Saddam Hussein

Al-Hayali n’a toutefois pas toujours été jihadiste. "Avant de devenir un commandant de l’EI, al-Hayali était officier de l’armée irakienne", raconte Wassim Nasr. "Originaire de la région de Tal Hafar, à l’ouest de Mossoul, il appartenait à une puissante tribu dont son père était l’un des piliers ", poursuit-il. "Il a également servi dans la Garde présidentielle irakienne et a participé à la guerre Irak/Iran, à la première guerre du Golfe et à la guerre contre les Américains en 2003 avant d'atteindre le grade de colonel", explique-t-il encore.

Peu après 2003 (on ignore la date exacte), les autorités américaines l’arrêtent, en tant que militaire. Il est détenu à la prison de Bouka, au sud de l'Irak. "C’est là-bas qu’il rencontre des membres d’Al-Qaïda, qui deviendront par la suite les chefs de l’EI, notamment al-Baghdadi, mais aussi Haji Bakr tué début 2014 dans la province d’Alep".

Le groupe jihadiste a lancé en juin 2014 une offensive fulgurante en Irak, puis en Syrie, qui lui a permis de s'emparer de vastes pans du territoire face à des forces gouvernementales en déroute. Les États-Unis et leurs alliés bombardent depuis plus d'un an par les airs les positions de l'EI dans les deux pays frontaliers, sans être parvenus à neutraliser l’organisation.