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“Implanter la paix”, mission impossible dans Mogadiscio dévastée

Les soldats de l'Union africaine mandatés pour ramener la paix dans la capitale somalienne sont chargés d'une mission d'autant plus difficile qu'ils sont devenus la cible des insurgés islamistes. Reportage.

Devant un centre de soins de Mogadiscio, de nombreux patients font la queue dans l'espoir de pouvoir consulter un médecin. Sous un soleil de plomb, l’attente est interminable.

Avant de pouvoir être soigné, chaque malade doit se soumettre à plusieurs contrôles de sécurité. Ici, tout le monde est suspect depuis que les forces de sécurité sont devenues la cible des insurgés islamistes." Si les Shebab me reconnaissent, c'est sûr, je serai tué", confie un policier.

Aujourd'hui, personne ne contrôle vraiment la capitale somalienne et chacun se prépare au pire. "Si l'Amisom [la Mission de l'Union africaine en Somalie, mandatée par l'ONU pour ramener la paix dans le pays, NDLR] s'en va, je quitte mon uniforme. Je ne pourrai plus compter alors que sur ma kalachnikov", reprend le même agent.

Personne ne se précipite en Somalie...

L'Amisom attend des renforts. Mais personne ne se précipite en Somalie. Et pour cause : les soldats de la force africaine sont devenus l'une des cibles privilégiées des insurgés.

"Ces gars utilisent tout ce qu'ils peuvent contre nous : des engins explosifs improvisés, des couteaux, etc. On est toujours sur nos gardes : l'ennemi peut attaquer n'importe quand. Surtout quand vous avez ces femmes et ces hommes qui viennent ici pour recevoir de l'aide, des médicaments, un traitement : c'est dans ce type de situation que l'on s'attend à se faire attaquer", déplore le lieutenant Boscorasol Sebson, responsable d'un check-point devant le centre de soins.

Venus en Somalie pour ramener la paix, les soldats de l'Amisom ne contrôlent aujourd’hui qu’une toute petite partie de Mogadiscio. Avant de distribuer des cachets et d'aider les malades les plus mal en point, ils doivent penser à préserver leur propre sécurité.

Quarante morts en deux ans

Pour eux, les rues de Mogadiscio sont effectivement devenues aussi dangereuses que l'Irak ou l'Afghanistan pour les Américains. Voitures piégées, attaques répétées de leurs positions, bombardements au mortier : les casques verts de l'Union africaine ont payé un lourd tribu à la Somalie. Plus de 40 morts en 2 ans...

Le major Barigye Ba Hoku, porte-parole de l'Amisom, témoigne de la difficulté de la mission : "Je suis incapable de me souvenir du nombre de fois où nous avons été attaqués sur cette route. Quant à toutes les zones où nos forces sont stationnées, il faut constamment les garder sous contrôle. Or, ceux qui s'opposent à la paix sont à côté et mettent la pression...", raconte-t-il.

Malgré la guerre qui ravage Mogadiscio, la vie continue pour ceux qui n'ont pas fui la ville. Au large du port, les bateaux qui n'ont pas été arraisonnés par les pirates attendent de décharger leur cargaison. Voilà 20 ans que la Somalie est un pays sans État.