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Des voitures de plusieurs marques, dont Peugeot et Renault, rejettent davantage de gaz à effet de serre qu’annoncé, selon une nouvelle étude. La preuve que les pratiques discutables dans le secteur ne se limitent pas à Volkswagen.

La fraude de Volkswagen aux tests anti-polluants n’est que la “partie émergée de l’iceberg”. Cette affirmation qui revient sans cesse depuis le début du scandale a été illustrée à nouveau par un rapport de l’ONG européenne Transport & Environment, publié lundi 28 septembre, qui souligne la grande illusion écologique de la plupart des constructeurs automobiles.

Les émissions de CO2 sont bien supérieures aux allégations des fabricants sur leurs plaquettes de vente, affirment les auteurs de l’étude. Ils se sont aperçus que la différence entre les tests en laboratoire et les relevés sur route peut dépasser les 50 % pour certains modèles de Mercedes. Les marques françaises sont également épinglées par cette ONG : les émissions de ce gaz à effet de serre d’une Peugeot 308 ou d’une Renault Megane sont environ 40 % plus importantes en conditions réelles de conduite sur route.

Des "tests discrédités"

“Le système officiel des tests d’économie de carburant et d’émission de dioxyde de carbone est largement discrédité [par ces relevés]”, affirment les auteurs de l’étude. Pour autant, ils n’en concluent pas que tous les constructeurs sont à mettre dans le même sac que Volkswagen, car Transport & Environment n’a pas trouvé de traces d’un logiciel programmé pour tromper les relevés. Mais, le décalage entre les allégations des marques et la réalité est tel que l’ONG demande à la Commission européenne de mener une enquête plus approfondie sur les pratiques du secteur.

Car cette tendance à repeindre en vert le niveau des émissions de CO2 a un coût à différents niveaux. Économique tout d’abord : les automobilistes paient leur voiture plus cher en pensant qu’ils se rembourseront ensuite grâce à des économies de carburant (les voitures dites “vertes” rejettent moins de CO2 car elles consomment moins). Sauf que c’est faux, et du coup, le conducteur d’une Mercedes classe A, d’une Renault Megane ou encore BMW Serie-5 peut payer jusqu’à 450 euros de plus par an en essence (ou diesel).

15 % des émissions de CO2

À cela s'ajoute l’impact climatique de véhicules qui consomment entre 30 % et 50 % de carburant en plus. En l’espèce, il s’agit cependant davantage de perception que de réalité. “Le niveau de CO2 émis est directement mesuré dans l’atmosphère et ne dépend pas des données fournies par les constructeurs”, rappelle, en effet, Marco Daturi, spécialiste des questions d’énergie et carburants à l’université de Caen Normandie. Mais en minorant leur niveau d’émissions, les constructeurs automobiles se font passer pour des bons élèves de l’environnement qu’ils ne sont pas. Face aux vrais chiffres, ils auraient peut-être été incités à en faire plus. Après tout, l’industrie automobile est responsable de plus de 15 % des émissions de gaz à effet de serre en Europe.

Le coût est aussi politique pour l’Union européenne. Depuis les années 1990, l’Europe se vante d’avoir amené les constructeurs à réduire l’empreinte écologique du parc automobile à coups d’incitations fiscales ou de taxes sur les véhicules polluants, rappelle l’ONG Transport & Environment. Les résultats de l’étude démontrent que les succès sont beaucoup moins flagrants. Entre 2008 et 2015, par exemple, les fabricants automobiles n’ont pas ou très peu réduit les émissions de dioxyde de carbone de leur nouveaux modèles, contrairement à ce qu’ils assuraient dans des spots publicitaires toujours plus axés autour des économies de carburant.