Au Burkina Faso, les éléments de la garde présidentielle refusent de déposer les armes. Pourtant, le leader de la tentative de coup d'État, le général Gilbert Diendéré, assure à France 24 que les "choses rentrent dans l'ordre".
Cinq jours après la reddition des putschistes, la situation reste préoccupante au Burkina Faso. Le gouvernement accuse les éléments de la garde présidentielle (RSP) de refuser de déposer les armes. Dans un entretien accordé à France 24, le général Gilbert Diendéré, à l'origine de la tentative de coup d'État, assure, lui, que les opérations de désarmement suivent leur cours, déplorant "un acharnement et des arrestations contre les éléments [putschistes]" et "les menaces qui pèsent sur leurs familles".
Le général Gilbert Diendéré affirme toutefois : "Les choses rentrent dans l’ordre et cela prendra le temps qu’il faudra".
Un discours auquel ne semble pas croire le gouvernement. "Le processus de désarmement commencé samedi [...] a été brutalement remis en cause [lundi] par le général Diendéré qui a fait savoir à ses éléments que le RSP ne saurait être dissous par la Transition et qu'il valait mieux résister", a-t-il déploré dans un communiqué.
Selon lui, le camp putschiste a "pris en otage non seulement les membres de l'ancien RSP désireux de rejoindre le camp de la raison, mais aussi le personnel des forces armées nationales chargé de l'enlèvement des armes", prévu par l'accord récemment conclu avec les forces loyalistes. Le gouvernement accuse en outre les anciens putschistes de vouloir faire appel à des groupes jihadistes sahéliens pour les soutenir. Des affirmations démenties aussitôt par les intéressés.
Perpétré le 17 septembre par le RSP, le putsch a finalement échoué une semaine plus tard. Après une semaine de manifestations dans le pays et la médiation de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), l'armée "loyaliste", sous l'impulsion de jeunes officiers, a convergé vers la capitale lundi dernier, forçant le RSP à renoncer à son projet.
Le gouvernement réinstallé a depuis ordonné la dissolution de ce corps d'élite de 1 300 hommes, réclamée à plusieurs reprises par la société civile de ce pays sahélien de 17 millions d'habitants, à l'histoire jalonnée de coups d'État militaires depuis son indépendance en 1960. Il a également ordonné le gel des avoirs de Gilbert Diendéré et d'une douzaine d'autres personnalités.
Le sort de ce proche de l'ex-président Blaise Compaoré restait toutefois en suspens, alors que les violences liées au coup d'État ont fait 10 morts et plus de 100 blessés parmi les manifestants anti-putschistes.