
Le ministre grec des Infrastructures Dimitris Kammenos a été poussé à la démission, jeudi, à cause de plusieurs messages antisémites et homophobes qu’il avait postés sur Twitter.
Twitter l’a fait tomber en un jour. Le ministre grec des Infrastructures, Dimitris Kammenos, a été contraint à démissionner jeudi 24 septembre, au lendemain de la formation du gouvernement, par une opinion publique outrée qu’un homme politique connu pour ses propos antisémites ou homophobes puisse participer à l’exercice du pouvoir.
Ce député du parti souverainiste des Grecs indépendants, allié de Syriza au gouvernement, était connu pour plusieurs tweets rédigés ces dernières années. Ils ont été déterrés par les internautes qui les ont fait circuler sur les réseaux sociaux jusqu’à ce qu’ils parviennent au Premier ministre Alexis Tsipras. Plus de 20 000 messages sur Twitter ont été postés mercredi appelant à la démission du sulfureux ministre.
“Holocauste économique”
Les internautes ne lui pardonnent pas d’avoir, le 11 septembre 2013, lâché “‘n’oubliez pas; aucun juif n’est allé au travail le 11 septembre 2001 alors que 2 500 d’entre eux étaient employés au World Trader Center”. Comme si ce sous-entendu ne suffisait pas, cet homme de 49 ans avait récidivé au printemps 2015 en comparant les plans d’austérité en Grèce à un Holocauste économique. Un message qui venait préciser le propos d’un autre tweet de Dimitris Kammenos montrant un cliché retouché de l’entrée du camp d’extermination d’Auschwitz. Sur cette image, le message “Arbeit macht frei” (le tristement célèbre “le travail rend libre”) par le texte “nous restons en Europe”. Dans un autre registre, il avait qualifié la “gay pride grecque” de rassemblement “pathétique”.
Face à la déferlante de messages indignés sur les réseaux sociaux dénonçant la nomination de Dimitris Kammenos, le leader des Grecs indépendants et ministre de la Défense Panos Kammenos (aucun lien de parenté) a suggéré à son homonyme de lâcher son portefeuille ministériel. Ce dernier s’est exécuté… non sans tenter de se défendre.
Il a quitté le gouvernement pour en "assurer le bon fonctionnement du gouvernement”, tout en affirmant qu’il était une victime innocente. L’ex-ministre a soutenu que son compte Twitter avait dû être piraté et qu’il comptait saisir l’unité de police spécialisée dans la cybercriminalité pour prouver qu’il n’était pas l’auteur des messages haineux.
Danger politique pour Tsipras
Dimitris Kammenos a même publié un communiqué dans lequel il condamne “le racisme, l’homophobie et l’antisémitisme”. Il a aussi désactivé son compte Twitter pour tenter de calmer l’ouragan numérique.
Ce scandale a, en tout cas, démontré les dangers politiques pour Alexis Tsipras de s’être allié avec la droite dure des Grecs indépendants “Visiblement, tout le monde connaissait les dérapages de Dimitris Kammenos sauf Alexis Tsipras qui l’a nommé au gouvernement”, ironise le quotidien de centre-droit "Eleftheros Typos". Le journal souligne que cette erreur de casting révèle à quel point les difficultés pour former un gouvernement ont pu pousser le Premier ministre à se mettre des œillères au moment de choisir ses collaborateurs.
Cette nomination-démission expresse a aussi été récupérée par l’aile gauche de Syriza qui est entrée en dissidence depuis qu’Alexis Tsipras a accepté un nouveau plan d’aide financière internationale. “Qu’il s’agisse d’ignorance ou pas, il est impossible de nommer une telle personne au gouvernement”, s’est indigné Panayótis Lafazanis, ancien allié de Tsipras devenu son principal rival à gauche. Pour lui il s’agit d’une faute politique grave et inadmissible.