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Vangelis Meïmarakis : le "nouveau" visage de la droite grecque

Le chef de Nouvelle Démocratie Vangelis Meïmarakis a réussi à ressusciter le principal parti conservateur grec. Avec ce vieux briscard de la politique, cette formation a désormais de fortes chances de remporter les législatives du 20 septembre.

Lorsque le moustachu au crâne dégarni Vangelis Meïmarakis, 61 ans, a été nommé chef de Nouvelle Démocratie (ND) le 6 juillet, le parti conservateur grec était en plein désarroi. Son leader de longue date, Antonis Samaras, qui avait fait campagne pour le "oui" au référendum sur l'austérité appelé par le Premier ministre démissionnaire Alexis Tsipras, jeta l’éponge rapidement après la victoire retentissante du "non".

Décapité, rongé par les divisions internes et accusé par un grand nombre d’électeurs d’avoir plombé l’avenir du pays, le principal parti conservateur grec semblait destiné à tomber dans les oubliettes de l’histoire.

Et pourtant, trois mois plus tard, Nouvelle Démocratie, revivifiée, est désormais au coude-à-coude avec le Syriza de Tsipras, qui est donné vainqueur des législatives anticipées du 20 septembre par plusieurs sondages.

Certains observateurs ont accordé à Vangelis Meïmarakis le mérite d’avoir fait renaître ce parti, en le décrivant comme une "figure paternelle" solide et stable que de nombreux Grecs recherchent après les 7 mois agités que Syriza vient de passer au pouvoir.

D’autres ont souligné l’ironie de l’emballement soudain autour de Meïmarakis, en rappelant qu’il incarnait le système qui avait été catégoriquement rejeté par les Grecs lors des élections de janvier, lorsqu’ils avaient offert le pouvoir à la gauche radicale de Tsipras.

Un franc-parler qui fait mouche

Vangelis Meïmarakis, présent depuis 41 ans dans le monde politique, est l’un des membres fondateurs de la section jeunesse de Nouvelle Démocratie. Élu au parlement en 1989, il est désigné "whip" en chef du parti, c’est dire responsable du maintien de la discipline à l'intérieur de sa formation. Nommé ministre de la Défense (entre 2006 et 2009), cet avocat et fils d'un député de droite, faisait partie du gouvernement tristement célèbre pour avoir "truqué les chiffres" afin de masquer la réalité de la dette publique du pays au moment d’adopter l’Euro. Une supercherie qui a mené aux souffrances actuelles de la Grèce.

En 2012, une enquête pour corruption le force à démissionner de son poste de président du Parlement (2012 à début 2015), même s’il n’a eu de cesse de clamer avec vigueur son innocence.

"Meïmarakis, n’incarne évidemment pas la nouveauté, il est dans les rangs de Nouvelle Démocratie depuis des décennies, explique Vassilis Monastiriotis, professeur associé à l’European Institute de la London School of Economics. Mais sa capacité à apparaître comme non-partisan et à garder une certaine distance par rapport aux principaux courants politiques de son parti lui a donné un semblant de nouveauté auquel il n’aurait pas pu prétendre autrement".

Pour Vassilis Monastiriotis, le franc-parler du chef du principal parti conservateur grec a touché de nombreux électeurs, "dans le sens où cela le différencie des politiciens de carrière, alors qu’il en fait clairement partie". Les observateurs décrivent cet habile orateur comme un homme "naturel et spontané", notant au passage qu’il a fait campagne sans cravate, une marque de fabrique pourtant réservée à son rival Alexis Tsipras.

"Meïmarakis est une figure attirante pour la classe moyenne, parce qu’il n’apparaît pas comme élitiste et qu’il s’exprime comme n’importe quel quidam qu’on peut croiser dans un bar", poursuit Vassilis Monastiriotis.

Des sondages favorables

La principale cible de son franc-parler est sans surprise Alexis Tsipras, qu’il a comparé à un "gamin" et à un "petit menteur", en l’accusant d’avoir mal géré les dossiers de la crise économique et celui des migrants qui affluent sur les côtes grecques.

Il a tour à tour qualifié le referendum de Tsipras comme étant "inutile" et la décision du Premier ministre grec de convoquer des législatives anticipées comme étant "désastreuse", vu la fatigue des électeurs après 5 scrutins en 3 ans.

Pour sa part, Vangelis Meïmarakis n’a pas multiplié les propositions pendant sa campagne. Il s’est contenté d’encourager l’investissement privé et d’appeler à l’adoption d’une position plus ferme sur la question de l’immigration.

Toujours est-il que sa capacité à unifier son parti autour d’une ligne centriste contraste nettement avec les dissensions actuelles au sein de Syriza, qui menacent de le faire imploser, après une rébellion de son aile gauche contre l'accord avec les créanciers UE-FMI.

Les instituts de sondage indiquent que la disposition du leader conservateur à former un gouvernement de coalition a été bien appréciée par les électeurs, contrairement au refus obstiné de Tsipras à s’allier avec des partis de "l’establishment".

Certaines études suggèrent que les électeurs pensent qu’avec Meïmarakis, l’économie serait en de meilleures mains, non pas grâce aux propositions de Nouvelle Démocratie, mais plutôt à cause des échecs de Syriza.

“Nul ne doit sous-estimer l’ampleur de la déception qui a suivi le revirement de Syriza sur l’austérité, indique Petros Linardos, un économiste un temps associé au gouvernement d’Alexis Tsipras. Mais n’oublions pas, avant tout, qui a coulé l’économie grecque".