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Le dessinateur Zep fait mourir Titeuf pour dénoncer la situation des migrants

Le dessinateur Zep a publié une bande-dessinée où il met en scène la fuite de son héros, Titeuf, qui tente d'échapper à la guerre. L'auteur a utilisé le célèbre personnage pour sensibiliser au sort des migrants qui essaient de rejoindre l'Europe.

Titeuf est mort, à cause de la guerre. Dans une planche de bande dessinée publiée sur le blog "What a wonderful world" qu'il tient pour le journal "Le Monde", le dessinateur suisse Philippe Chappuis, alias Zep, montre l’horreur de la guerre et de ses conséquences dans un style inhabituel pour lui.

Partisan de l’humour, parfois espiègle, c’est un Zep beaucoup plus noir et tourmenté qui transparaît dans ces croquis. Le "papa" de Titeuf, un personnage qui rencontre un très grand succès depuis de longues années, a imaginé son héros en petit réfugié pris dans la tourmente de la guerre.

Quanrante-deux vignettes, une fin tragique

La planche intitulée "Mi petit, mi grand" commence comme une classique aventure de Titeuf sauf que rien ne se passe comme prévu dans ces 42 vignettes.

Sur le premier dessin, le garçon à la houppette blonde est tranquillement chez lui. Dans la cuisine, son père lui demande de se dépêcher de lacer ses chaussures pour aller à l'école. Mais tout bascule dès la deuxième vignette. Une bombe explose. Le père de Titeuf gît sous les décombres.

La suite montre un Titeuf pris de panique fuyant de façon éperdue une ville devenue un champ de bataille. Son ami Hugo est sur la chaussée le corps criblé de balles, son meilleur ami Manu est abattu devant ses yeux par un sniper.

L'autocar où il a pris place avec son institutrice saute sur une mine. La maîtresse est tuée. Elle aura eu juste le temps de dire: "C'est la guerre les enfants" sans pouvoir répondre à la question de Titeuf: "Pourquoi?".

Avec Dumbo, une petite fille de son école dont il se moque habituellement, il erre, la faim et la peur au ventre. Ils parviennent à se cacher dans une forêt avant de rejoindre une frontière où une haute barrière et des barbelés les empêchent de passer.

Sur le dernier dessin, alors que Titeuf tente de passer la frontière, un carré noir. Et plus rien.

Prendre le crayon pour dénoncer la situation actuelle vécue par des dizaines de milliers de migrants n’a pas été chose facile pour Zep. "J’ai terminé la planche la boule au ventre" confie-t-il au "Figaro" estimant que son personnage "habite le quotidien des gens depuis des années, ce qui le rend proche".

Zep avoue espérer qu’avec ces dessins, le public prendra conscience de la situation des migrants, petits ou grands. "Que des personnes trouvent normal d'empêcher des gens de fuir, de les maintenir dans l'horreur, ça me rend triste", a expliqué le dessinateur, qui se dit aussi "qu'on n'a pas beaucoup de mémoire sur ce qui nous est arrivés".

La planche a déjà provoqué la réaction du corps enseignant, et pas seulement en France. Des instituteurs, ne sachant pas comment aborder le problème délicat avec leurs élèves, ont contacté le dessinateur pour lui demander s’ils pouvaient utiliser la BD pour parler du sujet aux élèves de façon ludique. "Cette page est là pour tourner", leur répond Zep dans "Le Monde", en souhaitant qu'elle puisse constituer un support pédagogique utile pour ses jeunes lecteurs.