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Hongrie, Bulgarie, Macédoine : l’Europe entourée de barbelés ?

À l’instar de la Hongrie, déterminée à achever la construction de sa clôture anti-migrants, la Macédoine envisage d’ériger un mur de barbelés à sa frontière sud. Des décisions à contre-courant de la politique voulue par Bruxelles.

En 1989, les gardes-frontières hongrois, bravant l’ordre du bloc communiste, cisaillaient les barbelés érigés à la frontière avec l’Autriche, dans un geste symbolique qui allait entraîner la chute de l'Union soviétique. Vingt-six ans plus tard, la Hongrie fait l’inverse : elle construit un nouveau mur de ferraille, cette fois-ci le long de sa frontière avec la Serbie, afin de contenir l’afflux de migrants pour qui elle représente la porte d’entrée dans l’espace Schengen. Et elle pourrait faire des émules.

Ce bouclier hongrois d’une longueur de 175 km, vivement critiqué par le gouvernement français, devrait être achevé avant fin octobre. Pour ce faire, les autorités hongroises, déterminées, sont allées jusqu’à réquisitionner… des prisonniers. Plusieurs dizaines de détenus, vêtus de coupe-vents jaune fluo, ont ainsi été conduits depuis la prison de la ville voisine de Szeged vers cette campagne morose et boueuse pour achever la construction de cette clôture controversée.

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La Hongrie a par ailleurs annoncé, vendredi 11 septembre, qu’elle allait porter à 3 800 le nombre de soldats mobilisés le long de la frontière serbe, alors qu'un nouveau nombre record d'entrées illégales dans le pays a été enregistré jeudi. Dès le 15 septembre, plusieurs mesures adoptées par Budapest entreront en outre en vigueur, pour rendre la frontière aussi étanche que possible.

"Soit des soldats, soit une clôture, soit une combinaison des deux"

Cette politique, censée décourager les immigrés clandestins de venir, et encore plus de rester, dans le pays, commence à faire des émules.

La Macédoine, où un record de 7 600 migrants sont entrés en l’espace de 12 heures entre jeudi et vendredi selon l'ONU, semble résolue à envisager cette solution radicale. "Nous aussi allons avoir besoin d'une barrière physique pour limiter les franchissements illégaux de la frontière [avec la Grèce, NDLR]. Soit des soldats, soit une clôture, soit une combinaison des deux", a déclaré Nikola Poposki, le chef de la diplomatie de ce pays enclavé entre la Serbie et la Grèce. En août, la Macédoine avait déjà tenté, en vain, de bloquer sa frontière aux clandestins, notamment syriens.

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Cette option n’est toutefois pas nouvelle. Dès février 2014, la Bulgarie avait entrepris d’ériger un épais mur de barbelés – long de 30 km et haut de trois mètres - à sa frontière turque, toujours pour endiguer le flot de migrants. En juin dernier, des travaux ont été entrepris pour étendre cette clôture. En 2013, la Grèce avait fait de même, barricadant la campagne frontalière avec la Turquie sur quelque 12,5 km.

La Serbie : "Nous n'allons pas ériger de murs"

Face à ces politiques de cloisonnement, la voix de la Serbie a dénoté, jeudi 10 septembre. "Je vois que la Macédoine veut ériger un mur vers la Grèce pour que toute l'Europe soit entourée de barbelés. Nous n'allons pas ériger de murs. La Serbie ne participera pas à cette besogne, nous trouverons une solution" au problème des réfugiés, a déclaré le Premier ministre Aleksandar Vucic.

Une solution qui se heurte pour l’instant aux divisions qui gangrènent les discussions européennes. Vendredi encore, Hongrois, Slovaques, Tchèques, Polonais, Bulgares et Baltes ont fait bloc pour rejeter l’idée "inacceptable" d’une répartition des réfugiés par quotas, voulue par Bruxelles. Outre les quatre pays de Visegrad, la Roumanie et le Danemark ont clairement exprimé leur refus de participer au système centralisé de répartition souhaité par Bruxelles.