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Damas a perdu, mercredi, l’aéroport d’Abou Douhour, sa dernière base militaire dans la région d’Idleb. Successivement assiégé par différentes factions rebelles, le site est désormais contrôlé, entre autres, par les jihadistes du Front al-Nosra.

L'aéroport d'Abou Douhour, dernière base militaire du régime de Bachar al-Assad dans la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, a été capturé, mercredi 9 septembre, par l’Armée de la conquête [Jaich al-Fatah], une alliance militaire de plusieurs factions islamistes menée par le Front al-Nosra, la branche armée d’Al-Qaïda en Syrie.

"Après des combats féroces à l'aéroport d'Abou Douhour, l'armée, qui a montré un grand courage en défendant l'aéroport durant plus de deux ans de siège total, abandonne ses positions", a reconnu la télévision d'État syrienne le même jour.

Depuis deux ans, l’aéroport a été successivement assiégé par différentes factions rebelles, de l’Armée syrienne libre au Front al-Nosra. "L’armée syrienne avait retiré tous ses avions et ceux que l’on peut voir sur les images sont de vieux Soukhoï qui ne sont plus en état de marche", précise Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes. "Seul un petit contingent de l’armée continuait de le défendre", ajoute-t-il.

Quelle est l’importance de la perte de l’aéroport d’Abou Douhour pour l’armée syrienne ?

Abandon ou prise d’otages ?

Si la télévision syrienne a annoncé que l’armée s’était retirée de sa base, "reste à savoir où", s’interroge Wassim Nasr. "La base est encerclée depuis deux ans et il n’y a aucun moyen de retrait. On peut donc se demander si les soldats n’ont pas été enlevés ou tués par le Front al-Nosra, qui était le fer de lance de cette offensive", souligne-t-il.

La présence du régime dans la région se limite désormais aux villages chiites de Foua et Kafraya. Mais ils sont assiégés par les rebelles et défendus non pas par l'armée mais par des milices pro-régime et des combattants du Hezbollah chiite libanais.

Série de défaites de l’armée dans la région

Depuis fin mars, l'armée syrienne subit revers après revers, notamment dans la province d'Idleb qui est "militairement perdue depuis plusieurs mois", souligne Wassim Nasr. Cette défaite est la conséquence directe de l’alliance de plusieurs factions rebelles sous le nom de l'Armée de la conquête ou "Jaich al-Fatah".

Idleb était tombée en cinq jours aux mains de cette coalition militaire regroupant le Front al-Nosra, et Ahrar al-Sham, un groupe armé salafiste. "Le spectre des différentes factions est large. Il va de groupes proches des Frères musulmans qui acceptent le processus démocratique jusqu’à la branche syrienne d’Al-Qaïda. Ces factions ne s'entendent pas sur le plan politique mais ont fait front commun pour la conquête d’Idleb", résume Wassim Nasr.

Depuis, Jaich al-Fatah a réussi à déjouer toutes les poches de résistance du régime dans la région. Les jihadistes et leurs alliés ont pu avancer plus au sud et lancer une offensive qui menace la province de Lattaquié (ouest), un des principaux fiefs du régime de Bachar al-Assad.