Parmi les 9 000 emplois que le géant de la sidérurgie ArcelorMittal veut supprimer dans le monde, 1 400 devraient disparaître en France début 2009, selon la direction. Les syndicats et le Parti socialiste dénoncent "un plan inacceptable".
AFP - ArcelorMittal vise 1.400 "départs volontaires" dans les secteurs non productifs en France dès le début 2009, a annoncé lundi à l'AFP son directeur général France Daniel Soury-Lavergne, les syndicats dénonçant un plan "inacceptable" et "très violent.
"J'ai annoncé (...) un plan de départs volontaires avec un objectif de 1.400 personnes" au "début de l'année 2009" et il n'y aura pas de licenciements secs, a assuré M. Soury-Lavergne.
Ces départs, qui concernent les salariés des "fonctions corporate, administratives et support --achats, commercial, gestion", devraient avoir lieu au "premier trimestre", selon la direction.
En France, ces fonctions sont remplies par environ 6.000 personnes sur un effectif total de 28.000 salariés toutes catégories confondues.
Les 1.400 postes visés font partie des 9.000 que le groupe envisage de supprimer dans le monde, dont 6.000 en Europe.
"C'est très violent, 1.400 salariés, c'est énorme et sur un mois c'est incroyable", a déclaré à l'AFP Michel Tosi, secrétaire de la section CFDT (majoritaire) d'Arcelor Mittal Fos-sur-Mer.
"Pour parvenir à trouver 1.400 volontaires qui partiraient début 2009, il ne reste que trois semaines. En plus, toutes les usines Arcelor vont fermer entre le 15 et le 20 décembre pour les fêtes, de tels délais vont mettre la pression sur les salariés", a-t-il ajouté, craignant du "volontariat forcé".
La CFE-CGC a aussi jugé le plan "inacceptable et provocateur, car il y aura de réelles difficultés pour susciter des départs volontaires dans une conjoncture économique aussi mauvaise".
"Ce sont les salariés qui servent encore et toujours de variable d'ajustement à une stratégie purement financière", a commenté le syndicat dans un communiqué.
ArcelorMittal, né de la fusion en 2006 du groupe européen Arcelor avec l'Indien Mittal Steel, s'est fixé pour objectif de réduire ses dépenses d'un milliard de dollars (775 millions d'euros) dans les catégories non-productives.
Le chiffre de 1.400 départs volontaires en France est "une cible, et non une décision", a insisté M. Soury-Lavergne.
Lors de la réunion avec les cinq syndicats, la direction leur a proposé de discuter d'un "accord de groupe" qui définirait l'organisation des départs et assurerait un "traitement équitable" de chaque salarié concerné à travers des "mesures d'accompagnement du volontariat".
La CFE-CGC a précisé qu'à partir du 10 décembre trois réunions avec la direction sont déjà programmées pour négocier le contenu du plan de départs.
M. Soury-Lavergne a évoqué "la nécessité de réduire les structures du groupe pour tenir compte du fait que nous ne sommes plus dans la dynamique de croissance qui a précédé la crise".
Ces mesures viennent s'ajouter aux réductions de production annoncées depuis début novembre.
Confronté à une chute de la demande mondiale d'acier, ArcelorMittal avait alors annoncé une diminution de 35% de sa production mondiale au quatrième trimestre, contre 15% prévu dans un premier temps.
En Europe, "une douzaine" d'usines spécialisées dans les aciers plats, destinés à une industrie automobile en pleine crise, ont réduit leur production de 30%.
Les réductions, "temporaires", qui ont provoqué la fermeture de plusieurs hauts-fourneaux, atteindront 50% dans les usines françaises et belges de production d'inox.
Interrogé sur la situation de la production en France, M. Soury-Lavergne a confirmé qu'elle était "en permanence ajustée aux besoins en métal des clients", qui ont "du mal à voir de quoi demain sera fait".