
En plaçant un acteur comique sans expérience en tête du premier tour de l'élection présidentielle, les Guatémaltèques espèrent secouer un système rongé par la corruption, alors qu'un ex-chef d'État est toujours en garde à vue.
Après une semaine mouvementée, marquée par la démission et le placement en garde à vue du président conservateur Otto Pérez, accusé de corruption, les Guatémaltèques ont choisi d’exprimer leur indignation. Le comédien et animateur de télévision Jimmy Morales, 46 ans, du parti FCN-Nacion (droite), est arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle au Guatemala, signe d’une volonté de changement de la population excédée par la corruption qui ronge le pays.
Ce candidat étranger au monde politique totalise 23,9 % des voix à l'issue du scrutin de dimanche 6 septembre, selon les résultats disponibles portant sur 98 % des suffrages.
Alors que l'incertitude demeure sur son adversaire au second tour, le 25 octobre, l'ex-Première dame Sandra Torres, 59 ans, de l'Union nationale de l'espoir (UNE, social-démocrate), a revendiqué la deuxième place avec 19,68 % des suffrages. Seuls quelques milliers de voix - sur 5,3 millions de votants - la séparent de l'homme d'affaires millionnaire Manuel Baldizon, 45 ans, du parti Liberté démocratique (Lider, droite), à 19,59 %. Selon le tribunal électoral, qui donnera les résultats définitifs sous cinq jours, la participation est un "record" à 70,7 %, déjouant les pronostics d'abstention, liés à l'exaspération de la population.
De la fiction à l'élection
Connu pour le personnage naïf de "Neto" qui, dans un film, a failli devenir président par accident avant d'y renoncer à la dernière minute, Jimmy Morales a percé de manière spectaculaire ces derniers mois sur la scène politique. Vêtu du maillot de l'équipe nationale de football, celui-ci a lancé lundi à un appel au rassemblement politique, à l'exception des "personnalités signalées pour actes de corruption".
La révélation en avril dernier d'un scandale de corruption touchant les plus hauts niveaux de l'État avait scandalisé les Guatémaltèques, dont plus de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté et qui supportent au jour le jour un système public de santé et d'éducation en pleine débâcle, faute de moyens. Elle avait déclenché une mobilisation citoyenne sans précédent et pacifique, dans un pays de 15,8 millions d'habitants.
Avec AFP