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Cinq cents jours après leur enlèvement, le Nigeria se souvient des lycéennes de Chibok

Jeudi 27 août marquait les 500 jours passés depuis l'enlèvement des lycéennes de Chibok au Nigeria par la secte Boko Haram. Malgré la mobilisation internationale, le monde reste sans nouvelles des jeunes filles. Une marche commémorative a eu lieu.

Cinq cents jours sont passés depuis leur enlèvement et le monde reste sans nouvelles d'elles. Les proches des quelque 200 lycéennes de Chibok kidnappées par Boko Haram ont marché jeudi 27 août à Abuja pour marquer le 500e jour de leur enlèvement dans le nord-est du Nigeria où, malgré des revers militaires, le groupe islamiste continue de faire régner la terreur.

En dépit de l'énorme émotion internationale illustrée par le mouvement "Bring back our Girls" ("Rendez-nous nos filles") soutenu par une multitude de personnalités, de Michelle Obama à Angelina Jolie, et des efforts militaires des pays de la région, on ne sait rien du sort des jeunes filles.

Les militants islamistes de Boko Haram avaient fait irruption le 14 avril 2014 au lycée de Chibok, dans l'État de Borno, berceau de leur mouvement, pour y enlever 276 adolescentes qui se préparaient à passer leurs examens.

Cinquante-sept d'entre elles avaient réussi à s'échapper, mais le sort des 219 autres reste incertain. Un mois après l'enlèvement, une vidéo en montrait quelques dizaines, vêtues de noir et récitant le Coran avec résignation. Le leader de Boko Haram, Abubakar Shekau, s'enflammait alors pour annoncer qu'elles avaient été converties à l'islam et "mariées" à des militants du mouvement islamiste. En fait, selon des défenseurs des droits de l'Homme, elle seraient soumises au groupe et parfois vendues en esclavage à des militants, voire utilisées comme "bombes humaines" dans des attentats.

Des dizaines de jeunes militants, surnommés les "Ambassadeurs des filles de Chibok", ont parcouru les rues de la capitale fédérale nigériane jeudi, vêtus de leurs emblématiques t-shirts rouges, beaucoup portant aussi des rubans rouges attachés dans leur cheveux et autour de leur tête. Une veillée aux chandelles a clos la journée de commémoration. Rejoints par d'importants dignitaires religieux, les jeunes ont brandi des banderoles avec les noms et les portraits des disparues.

Buhari pourra-t-il faire quelque chose ?

La porte-parole de "Bring Back Our Girls", Aisha Yesufu, se disait confiante lundi dans le nouveau président nigérian Muhammadu Buhari, qui "a donné sa parole qu'il fera tout ce qu'il peut pour que nos filles soient secourues". Ancien général, Buhari, qui a pris ses fonctions le 29 mai, a juré de mettre fin à l'insurrection islamiste de Boko Haram, qui a fait plus de 15 000 morts et 1,5 million de déplacés en six ans.

Le nouveau président a remplacé tous les chefs de l'armée et relancé la coopération militaire régionale. Les armées nigériane, tchadienne et camerounaise ont lancé depuis février une offensive contre Boko Haram qui a subi d'importants revers militaires. Et une force d'intervention multinationale de 8 700 hommes, regroupant ces pays ainsi que le Niger et le Bénin, doit être déployée incessamment dans le nord-est du Nigeria et aux confins des frontières du Cameroun et du Tchad, touchés aussi par des attaques et des attentats de Boko Haram.

>> À voir sur France 24 : Boko Haram, fléau du Nigeria

En réaction, le mouvement a redoublé de violence, tuant plus de 1 000 personnes depuis fin mai. Selon les organisations de défense des droits de l'Homme, Boko Haram a enlevé plus de 2 000 personnes depuis quatre ans, dont un demi-millier ont été libérés ces derniers mois.

Selon un rapport d'Amnesty international en avril, les filles de Chibok seraient détenues dans plusieurs camps de Boko Haram, dont certains au Cameroun et peut-être aussi au Tchad.

Cité par l'AFP, l'analyste de sécurité nigérian Fulan Nasrullah, bon connaisseur des arcanes de Boko Haram, se dit très pessimiste sur leur sort. Selon lui, "il n'y a plus d'espoir" de les retrouver. "La plupart ont eu des enfants et sont mariées à leurs ravisseurs. Beaucoup ont été vendues sur le marché mondial du sexe et sont probablement prostituées au Soudan, à Dubaï ou au Caire. D'autres ont sans doute été tuées en tentant de s'échapper ou dans des frappes aériennes contre les camps où elles étaient retenues."

Avec AFP