Le plongeon boursier en Chine a ravivé les craintes d’une crise régionale de l’ampleur de celle de 1997. Pour la plupart des observateurs, le risque est faible, sauf pour un pays : la Malaisie. Explications.
Il y a un pays pour lequel la tempête boursière chinoise commence à avoir des airs de crise asiatique de la fin des années 1990 : la Malaisie. Il serait actuellement, d’après le site économique américain Quartz, le talon d’Achille de la région et le principal candidat à un effondrement économique. Et ce malgré un taux de croissance actuel se situant aux alentours de 5 %.
"Les soucis s’accumulent pour la Malaisie", expliquait déjà en janvier 2015 Vishnu Varathan, économiste à la Mizuhu Bank, sur la chaîne américaine CNBC. C’était avant l’été de tous les dangers boursiers en Chine. Depuis lors, la situation s’est aggravée pour Kuala Lumpur. La devise nationale, le ringgit, a atteint mardi 25 août son plus bas niveau, depuis 17 ans, par rapport au dollar. Ses réserves en dollars ont fondu et les investisseurs quittent le pays. "Actuellement, c’est la panique et personne ne veut aller sur ce marché", affirme à CNBC Jesper Bargamnn, responsable des opérations boursières pour une banque de Singapour.
Cocktail explosif
Des réserves d’argent qui baissent, une devise qui chute et des investisseurs étrangers qui s’en vont : c’est un cocktail que les pays asiatiques connaissent bien pour l’avoir avalé de travers en 1997.
Ironie de l'histoire : à l'époque, la Malaisie était l’un des pays les moins touchés par la crise asiatique. Le gouvernement avait "imposé le contrôle des capitaux et soutenu artificiellement sa monnaie", rappelle la chaîne économique Bloomberg.
Paradoxalement, c’est le fait d’avoir survécu sans trop de heurts à cette période qui expose le pays aujourd’hui à l’instabilité boursière chinoise. Kuala Lumpur a fait l’impasse sur des réformes alors que "les autres pays ont pris des mesures de désendettement, de transparence financière et se sont constitués un large trésor de guerre en devises étrangères qui les met aujourd’hui à l’abri", explique Bloomberg. L'année 2015 ne sera donc pas comme 1997 pour ces pays.
La situation est tout autre pour la Malaisie. Ainsi, la dévaluation du yuan décidée par Pékin le 11 août pour soutenir les exportations chinoises risque de pousser les autres pays de la région à faire de même pour rester compétitif. Kuala Lumpur peut difficilement se permettre d’avoir une monnaie encore plus faible. Face à l’instabilité régionale, les investisseurs rapatrient leurs fonds des pays émergents les plus risqués, comme la Malaisie, pour les placer dans des valeurs plus sûres comme les bonds du Trésor américain ou allemand.
Pétrole et corruption
Le pays présente aussi des spécificités qui n’améliorent pas ses perspectives. Il s’agit du seul pays régional exportateur net de pétrole. Le ralentissement économique chinois signifie que Pékin va importer moins d’or noir, ce qui devrait faire encore baisser les prix et priver Kuala Lumpur de substantielles rentrées d’argent.
Le pays est aussi secoué par un scandale majeur de corruption qui implique le Premier ministre Najib Razak. Il est soupçonné d’être au centre d’une vaste affaire de détournement de fonds publics (près de 700 millions de dollars), révélée par le "Wall Street Journal". Il se défend d’être lié à cette histoire, mais le climat créé par le scandale n’est pas de nature à rassurer d’éventuels investisseurs.