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Jean-Marie Le Pen exclu du Front national par le bureau exécutif du parti

Jean-Marie Le Pen a été exclu du Front national par le bureau exécutif du parti, a indiqué le FN dans un communiqué jeudi. Dans l'après-midi, il avait été entendu par l'instance pour répondre de déclarations jugées contraires à la ligne du parti.

Le bureau exécutif du Front national (FN) a annoncé jeudi l'exclusion de Jean-Marie Le Pen, fondateur et jusque-là president d'honneur du parti, qui avait été auditionné dans l'après-midi.

"À l'issue de la réunion qui s'est tenue ce jour, le bureau exécutif du Front national, réuni en formation disciplinaire, a délibéré et a décidé, à la majorité requise, l'exclusion de M. Jean Marine Le Pen comme membre du Front national. La décision complète et motivée sera notifiée prochainement à M. Le Pen", peut-on lire dans un communiqué.

Jean-Marie Le Pen a été entendu pendant plusieurs heures par les membres du bureau exécutif pour répondre d'une série de déclarations jugées contraires à la ligne du parti. Il avait été convoqué par sa fille pour répondre à 15 griefs devant la plus haute autorité du parti, réunie en formation disciplinaire. Marine Le Pen elle-même n'assistait pas à cette réunion pour ne pas "être juge et partie", pas plus que son bras droit Florian Philippot, cible favorite de du patriarche.

Accompagné de sa femme Jany et de son avocat, Jean-Marie Le Pen avait d'ailleurs ironisé en arrivant devant ses "juges" : "Les chefs sont aux abris, il n'y a que les fantassins ici".

En l'absence de Marine Le Pen, la réunion était présidée par Jean-François Jalkh, premier vice-président du FN. Le bureau exécutif comprend également Nicolas Bay, Louis Aliot, Steeve Briois, Wallerand de Saint-Just et Marie-Christine Arnautu.

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Jean-Marie Le Pen exclu du Front national par le bureau exécutif du parti

Le patriarche de 87 ans est engagé depuis plusieurs mois dans une guerre ouverte avec sa fille et présidente du FN, Marine Le Pen, et le vice-président, Florian Philippot.

Marine Le Pen a confié à l'AFP, à peine cette décision rendue, que cette "issue" était logique : "Jean-Marie Le Pen a enclenché un processus dont il connaissait l'issue en multipliant les fautes depuis de longues semaines, qui ne pouvaient qu'entraîner une décision de ce type".

Jean-Marie Le Pen "choqué"

"Une décision déjà prise à l'avance", a pour sa part regretté l'avocat du "Menhir", Frédéric Joachim. "C'est la chronique d'une mort annoncée, depuis 2011 Florian Philippot veut la mort de Jean-Marie Le Pen", a-t-il estimé sur BFMTV. Depuis plusieurs jours l'avocat laissait entendre qu'il contesterait une éventuelle décision défavorable.

L'un des proches de Jean-Marie, le député européen Bruno Gollnisch, qui l'a assisté au cours de cette réunion, avait pourtant confié en sortant de l'audition qu'il y avait eu "des moments assez vifs" mais que "cela s'était passé correctement". Il s'est dit ensuite "abasourdi", confiant que Jean-Marie Le Pen était "choqué" par "cette décision impitoyable et injustifiée". 

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Cet épisode est le énième rebondissement d'une crise ouverte depuis cinq mois. Jean-Marie Le Pen, déjà convoqué début mai pour s'expliquer sur ses propos, avait été suspendu comme adhérent. Mais la justice a annulé cette décision, le FN faisant aussitôt appel. La justice a aussi suspendu le congrès postal prévu pour supprimer des statuts le titre de président d'honneur. Le parti a néanmoins publié les résultats de ce congrès, 94 % des adhérents se prononçant en faveur de ces modifications.

Depuis le printemps, la liste des griefs contre Jean-Marie Le Pen s'est allongée. Lui sont reprochés des propos visant sa fille : "J'ai honte que la présidente du FN porte mon nom", ou Florian Philippot, qui "s'empare des leviers de commande, place ses hommes, ses mignons partout (...)", mais aussi sa petite-fille Marion Maréchal-Le Pen : "Elle n'a ni l'expérience ni le gabarit pour diriger la PACA".

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Il devait également répondre "d'avoir fait intrusion sur la scène, place de l'Opéra, le 1er mai 2015", avant le discours de Marine Le Pen lors du traditionnel rassemblement du FN.

"Avec son 'juridicus circus', il n'a pas fini de déplacer son chapiteau, Jean-Marie, parce que de recours en recours, de procédure en procédure, il va animer son spectacle", a prédit le député Gilbert Collard.

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Jean-Marie Le Pen exclu du Front national par le bureau exécutif du parti

Avec Reuters et AFP