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Le rôle crucial de Google Earth dans la guerre des Kurdes contre l’EI en Syrie

Dans la guerre menée en Syrie contre l’organisation État islamique, les Kurdes utilisent intensivement Google Earth. L'application leur permet de transmettre des coordonnées précises pour guider les frappes de la coalition.

La bataille de Kobané, dans le nord de la Syrie, a exposé au grand jour le combat acharné des Kurdes contre l’organisation État islamique (EI). Aidés par des frappes aériennes de la coalition menée par les États-Unis, les combattants kurdes sont parvenus à repousser les jihadistes en janvier 2015, après quatre mois de lutte.

Dans le "New York Times", la journaliste Rukmini Callimachi décrit la façon dont l'alliance entre la coalition et les Kurdes s'est concrétisée sur le terrain. Elle pointe notamment du doigt le rôle primordial de l'application Google Earth. Envoyée spéciale du prestigieux quotidien américain dans la région de Hassaké (nord-est), où les Kurdes affrontent les jihadistes depuis le 25 juin, elle décrit l'utilisation intensive des tablettes Samsung fonctionnant sous Android [le système d’exploitation de Google] et l’application de cartographie de Google pour se situer sur le terrain et obtenir un soutien aérien ciblé de la part de la coalition.

In Syria, Mauricio Lima and I saw the YPG militia call in the GPS coordinates for US airstrikes on ISIS targets. http://t.co/GwvbwgE1R0

— Rukmini Callimachi (@rcallimachi) August 10, 2015

Liens ambigus avec le PKK

"'Nos camarades peuvent voir l’ennemi se déplacer aux coordonnées GPS que je viens juste de vous envoyer', a écrit [un combattant kurde] en arabe à un officier de liaison dans une salle d’opération de l’armée américaine située à des centaines de kilomètres de là", décrit la journaliste, avant de poursuivre : "Puis il a attendu que les avions de guerre américains rugissent. La frappe qui s’ensuivit laissa un cratère aux coordonnées exactes fournies par les combattants kurdes. Plusieurs corps gisaient autour, dont celui d’un combattant de l’État islamique mort affalé sur son AK-47."

Les responsables de la coalition ne cachent pas leur coopération avec les milices kurdes syriennes (les YPG, pour Unités de protection du peuple), au même titre qu’avec d’autres factions rebelles. Mais ils se montrent particulièrement prudents en raison du lien que celles-ci entretiennent avec le PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), listé comme organisation terroristes par les États-Unis, l’Union européenne et la Turquie. 

Ainsi donc, la coalition se montre particulièrement prudente dans sa coopération militaire avec des miliciens kurdes. Elle évite de lui transmettre des documents sensibles, en l’occurrence les images satellites extrêmement précises réalisées par l ’ armée américaine. Des cartes que le Pentagone aurait partagées avec une armée alliée régulière. C’est donc la raison pour laquelle Google Earth, application civile, est utilisée dans ce contexte. 

Un rôle crucial à Kobané

L’utilisation de logiciels en accès libre, produits par le géant américain de l’Internet montre l’évolution de la guerre moderne. Depuis plusieurs années, une entreprise privée américaine développe par exemple l’application iSpatial qui utilise les cartes détaillées de Google pour fournir de l’information aux soldats et diplomates américains.

En Syrie, "ces informations facilitent les frappes de la coalition et minimisent les risques pour les civils" , explique un porte-parole du Pentagone, cité par le site d’information Quartz. Il précise que le logiciel de Google a également joué un rôle crucial dans les défaites jihadistes de Kobané et Tal Abyad notamment. Dans son article, la reporter du "New York Times" raconte aussi que les militaires américains ont fait parvenir par messagerie aux combattants kurdes une carte [de Google] avec un cercle jaune délimitant une zone où ils pouvaient se mettre en sécurité à l’approche d’une frappe aérienne sur des cibles de l’EI.

Pour l’heure, Google n'a pas commenté l’utilisation de ses produits dans un but militaire. Avant lui, Apple n’avait pas non plus réagi à une photo prise en Syrie par un journaliste de Reuters montrant l’utilisation d’un iPad pour orienter correctement un mortier.