logo

Plus de quatre ans après Fukushima, le Japon renoue avec l'énergie nucléaire

Plus de quatre ans après la catastrophe de Fukushima, et deux ans après l'arrêt de toutes les centrales nucléaire du Japon, un premier réacteur a été redémarré dans la nuit, au nom de l'indépendance énergétique.

Conformément à la volonté du gouvernement, un réacteur nucléaire a été relancé mardi matin au Japon, plus de quatre ans après la catastrophe de Fukushima qui avait entraîné l'arrêt de toutes les centrales du pays depuis septembre 2013. Un redémarrage au nom de l'indépendance énergétique, et malgré l'opposition de la majorité des Japonais.

"Le réacteur numéro 1 de la centrale de Sendai [sur l'île méridionale de Kyushu] a redémarré à 10h30", a annoncé à l'AFP un porte-parole de la compagnie Kyushu Electric Power. Le cœur du réacteur devrait entrer en réaction en chaîne auto-entretenue à compter de 23heures. Il commencera à générer dès vendredi de l'électricité qui sera exploitée commercialement à partir de début septembre, selon la compagnie.

Il s'agit du premier réacteur remis en service en conformité avec la nouvelle réglementation entrée en vigueur en juillet 2013, afin de rendre les centrales nucléaires plus aptes à faire face à une catastrophe naturelle, à un attentat terroriste ou à un crash d'avion.

Cette remise en service d'installations nucléaires est d'abord motivée par des raisons économiques : le Japon a enduré depuis 2011 d'importants déficits commerciaux, en grande partie dûs à la flambée de la facture d'hydrocarbures pour alimenter les centrales thermiques. L'équipe gouvernementale du Premier ministre pro-nucléaire Shinzo Abe argue en outre que les entreprises freinent leur activité à cause du coût élevé de l'électricité, et que les ambitions de réduction de gaz à effet de serre sont bridées par l'usage extensifs de centrales au gaz, au pétrole ou au charbon.

Le traumatisme de Fukushima

Le Japon comptait 54 réacteurs exploitables avant la destruction des six réacteurs de la centrale de Fukushima. Sur les 48 restants, cinq au moins doivent être démantelés.

Toujours est-il qu’une majorité de Japonais s'interroge sur la pertinence d'un redémarrage qualifié "d'erreur" par Naoto Kan, Premier ministre au moment de l'accident de Fukushima, et devenu depuis l'un des plus virulents militants antinucléaires, à l'instar de plusieurs autres de ses prédécesseurs, dont Jun'ichiro Koizumi (2001-2006), mentor de Shinzo Abe.

Au cri de "saikado hantai" ("contre le redémarrage"), quelque 200 personnes, selon la chaîne publique NHK, venues des diverses régions du Japon hébergeant des installations nucléaires, protestaient aux portes de la centrale. Naoto Kan était parmi les manifestants, selon des images diffusées par la presse. Une manifestation était également prévue mardi soir devant la résidence du Premier ministre à Tokyo.

Les opposants invoquent pour principale raison des inquiétudes sur la sûreté et l'absence de clarification précise de l'enchaînement des événements qui ont abouti au désastre de mars 2011.

Avec AFP