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Depuis leur ouverture, les Jeux des îles ne cessent de connaître des tensions. Le port du drapeau tricolore par les athlètes de Mayotte a provoqué une crise entre Paris et les Comores qui ne reconnaissent pas ce département français.

Alors que la 9e édition des Jeux des îles devait être une belle fête pour les athlètes de l’océan Indien, la compétition organisée cette année à La Réunion tourne depuis plusieurs jours au vinaigre et à l’empoignade diplomatique.

Les tensions ont débuté samedi 1er août lors de la cérémonie d’ouverture. La délégation comorienne a décidé de se retirer des Jeux pour protester contre le défilé des athlètes de Mayotte derrière le drapeau français. En effet, les Comores refusent le statut de département français à Mayotte et en réclament toujours la souveraineté auprès des Nations unies. "Le gouvernement de la République de l’Union des Comores apprend avec gravité la violation de la Charte et du règlement intérieur des Jeux des îles de l’océan Indien" qui regroupent les "Comores, France (La Réunion et Mayotte NDLR), Madagascar, Maldives, Maurice et Seychelles", ont annoncé dans un communiqué les autorités du pays.

Pour appuyer son mécontentement, la République comorienne s’appuie sur la charte des Jeux des îles, signée en 2007 par la France, qui précise que la sélection mahoraise doit défiler derrière un drapeau neutre. Présent lors de cette cérémonie particulièrement houleuse, le ministre français des Sports a soutenu le bon droit des athlètes de Mayotte. "De par son statut de département, acquis en 2011, Mayotte ne pouvait défiler sous un autre drapeau que celui de la France. Une volonté que les athlètes ont eux-mêmes exprimée", a-t-il déclaré le 3 août sur l’antenne de Réunion 1ère.

Une volonté qui n'a pas empêché les autorités comoriennes de rappeler leur ambassadeur à Paris pour consultation. Son homologue de France à Moroni a lui aussi été convoqué par le ministre des Relations extérieures "pour explications". Selon le site IP Réunion, la situation entre les deux pays était très tendue avant même le début de l’événement sportif puisque près de 30 % des demandes de visas des athlètes comoriens étaient encore en attente auprès des autorités françaises. "L’équipe comorienne féminine de football avait d’ailleurs dû déclarer forfait, car les deux gardiennes de but n’avaient pas eu de visa", précise ce site d’actualité.

Les drapeaux sont bannis

À la suite de ces tensions, le Comité d’organisation des Jeux des îles (Coji) a décidé le 4 août de bannir les symboles nationaux de la compétition. "Lorsqu’une équipe gagnera, il n’y aura ni drapeau national, ni hymne national. Désormais, seul le drapeau des Jeux sera hissé et l’hymne des Jeux entendu", a expliqué Thierry Grimaud, le président du Coji.

Mais au lieu d’apaiser les esprits, cette mesure a engendré de nouveaux couacs. La Malgache Marthe Ralisinirina, médaillée d’or dans l’épreuve du 3000 mètres steeple, a fait les frais de ce nouveau règlement. "Elle portait le drapeau sur ses épaules. Une responsable locale du protocole s’est alors précipitée pour interrompre la remise des breloques. Celle-ci s’est emparée du fameux drapeau, avant que la cérémonie ne reprenne", rapporte "L’Express de Madagascar".

Lors de la victoire du judoka réunionnais Yves-Matthieu Dafreville, la présidente du conseil départemental Nassimah Dindar a également réagi à ces nouvelles mesures. "En tant qu’élue républicaine, fière de mon pays, la France, et jugeant inadmissible cette décision, j’ai tenu à lui remettre sa médaille d’or en portant le drapeau français, et c’est avec lui et tout le public présent que nous avons, ensemble, communié dans la Marseillaise !", a-t-elle raconté sur le site du département, photos à l'appui. "Au nom de quoi peut-on demander à des sportifs français, mauriciens, maldiviens, malgaches, seychellois, ou, s’ils étaient présents, comoriens, de camoufler leurs symboles nationaux alors même qu’ils en sont les porte-drapeaux et qu’ils font la fierté de leurs concitoyens ?", a-t-elle ajouté.

Face à une telle série d’incidents, les organisateurs essayent de faire bonne figure alors que les épreuves se déroulent jusqu’au 9 août. "Juste un petit message pour vous dire que c’est en toute neutralité que nous essayons de vous tenir informés de ce qui se passe sur les différents terrains de sports", ont-il écrit sur leur page Facebook en réponse à de nombreuses critiques. "Merci de bien vouloir également respecter les autres dans vos propos, même si nous comprenons que ce soit difficile avec les événements qui ont émaillé ces Jeux depuis une semaine", ont-ils ajouté.

La prochaine édition, prévue dans quatre ans, devait se dérouler aux Comores. Mais pour des problèmes d’infrastructure, elle pourrait se tenir à l'île Maurice.