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Crash du MH17 : à l'ONU, la Russie met son veto à la création d’un tribunal spécial

Sans surprise, la Russie, au Conseil de sécurité de l'ONU, a opposé son veto à la création d'un tribunal spécial chargé de déterminer les responsabilités dans le crash du vol MH17 de la Malaysian Airlines, abattu en Ukraine le 17 juillet 2014.

Les proches des victimes du crash du MH17 de la Malaysia Airlines espèrent justice ; ils devront patienter. Mercredi 29 juillet, la Russie, membre du Conseil de sécurité de l'ONU, a opposé son veto à un projet de résolution qui aurait permis de créer un tribunal spécial chargé de faire la lumière sur les circonstances du crash. Le vol commercial, qui assurait la liaison Amsterdam - Kuala Lumpur, a été abattu en plein ciel, le 17 juillet 2014, alors qu’il survolait une zone ukrainienne tenue par les insurgés séparatistes pro-russes, causant la mort des 298 personnes à bord.

Réclamé par les cinq pays qui dirigent l'enquête - Malaisie, Pays-Bas, Australie, Ukraine et Belgique -, le projet de résolution avait été déposé aux Nations unies par la Malaisie quelques jours avant la date anniversaire du drame. Prévoyant "l'établissement d'un tribunal international dans le seul but de poursuivre les personnes responsables des crimes liés à la destruction du vol MH17", il aurait obligé les pays à coopérer avec le tribunal spécial, sous peine de sanctions.

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Lors du vote à l’ONU, onze pays se sont prononcés pour, trois se sont abstenus (Chine, Venezuela, Angola), la Russie est la seule à avoir voté contre. La résolution était soutenue par Londres, Washington et Paris qui accusent les séparatistes ukrainiens pro-russes d'avoir abattu l'avion. Ils les soupçonnent même d'avoir utilisé un missile fourni par la Russie pour abattre l'appareil. Moscou, qui a catégoriquement démenti toute implication, incrimine pour sa part l’armée ukrainienne.

La Russie dénonce une politisation de l’affaire

La Russie, qui a affiché son scepticisme dès le début sur le projet de résolution, avait déclaré, le 16 juillet, qu'un tel tribunal serait "inopportun et contre-productif", après un entretien téléphonique avec le Premier ministre néerlandais Mark Rutte.

L'ambassadeur russe Vitali Tchourkine a réaffirmé, mercredi, que la création d'un tribunal "n'était pas du ressort du Conseil" et qu'il convenait d'attendre les conclusions de l'enquête, prévues pour octobre. Il a accusé les partisans du tribunal de vouloir politiser cette affaire.

Les défenseurs du projet restent eux déterminés. Le président ukrainien Petro Porochenko a promis la justice aux proches des victimes malgré ce veto. "Les résultats parlent  d'eux-mêmes", a-t-il écrit en référence aux résultats du vote au Conseil. "Mais l'Ukraine ne s'arrêtera pas là", a-t-il promis. "Les coupables doivent être punis."

"Trouver un autre mécanisme"

L'Union européenne "regrette profondément" le veto russe à l'ONU, a déclaré jeudi une porte-parole de la Commission. "En dépit de ce revers, il faut continuer à œuvrer pour que ceux qui sont directement ou indirectement responsables d'avoir abattu le vol MH17 en répondent" devant la justice, a indiqué la porte-parole, Maja Kocijancic.

Le ministre malaisien des Transports, Dato Sri Liow Tiong Lai, s'est de son côté déclaré "très déçu", estimant que le Conseil "avait envoyé un dangereux message d'impunité" à d'éventuels terroristes voulant s'attaquer aux avions civils. La Malaisie "reste déterminée à obtenir justice pour toutes les victimes innocentes", a-t-il ajouté.

Le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Albert Koenders, a lui aussi "exprimé sa très profonde déception". Son homologue australienne, Julie Bishop, a dénoncé "un affront fait aux victimes et à leurs proches et amis". Les cinq pays impliqués dans l'enquête vont "trouver un autre mécanisme pour poursuivre en justice les responsables et faire éclater la vérité", a-t-elle affirmé.

Peu après le crash, le Conseil avait adopté à l'unanimité la résolution 2166. Elle demande que les responsables de cette catastrophe aérienne "rendent des comptes" et que tous les pays "collaborent pleinement" dans ce sens. La Russie avait alors voté oui.

Avec AFP