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Les États-Unis vont libérer l'espion israélien Jonathan Pollard

L'espion israélien Jonathan Pollard a obtenu une remise en liberté conditionnelle qui devrait prendre effet le 21 novembre, selon ses avocats. Il était emprisonné depuis 30 ans pour avoir transmis des documents confidentiels à Israël.

L'espion israélien Jonathan Pollard a passé trente ans derrière les barreaux du centre de détention fédéral de Butner, en Caroline du Nord (sud-est des États-Unis). Il devrait recouvrer la liberté d'ici le mois de novembre. Selon ses avocats, l’espion arrêté en 1985 et condamné à la prison à vie en 1987 a reçu un avis favorable de la part de la Commission de libération conditionnelle.

Ce n’était pourtant pas gagné : condamné pour avoir transmis à Israël des milliers de pages confidentielles depuis son poste d'analyste civil du renseignement à la Navy durant 18 mois, de mai 1984 à novembre 1985, Pollard a essuyé une série de refus obstinés de la part du gouvernement américain.

Cette fois, l’administration Obama ne s’opposera pas à la remise en liberté décidée à l'unanimité par les trois membres de la Commission indépendante après une audience qui a eu lieu le 7 juillet, toujours selon les avocats de Jonathan Pollard. Si cette libération conditionnelle n'avait pas été accordée, Jonathan Pollard, pourtant prisonnier modèle, aurait passé 15 ans supplémentaires derrière les barreaux.

Il va cependant devoir rester sur le sol américain au moins cinq ans après sa libération, à moins que Barack Obama ne l'autorise à quitter le pays. Si les avocats du prisonnier ont précisé qu’il avait déjà l'assurance d'avoir un travail et une maison dans la région new-yorkaise, ils demandent tout de même au président américain de lui donner l'autorisation de quitter le territoire.

Un geste après l'accord sur le nucléaire iranien ?

De nombreux observateurs estiment que la libération surprise de Jonathan Pollard pourrait être un geste de compensation, destiné à apaiser l'ire d'Israël, furieux de l'accord sur le programme nucléaire de Téhéran. Pourtant, tant du côté des avocats qui assurent que "la décision de libérer M. Pollard n'est pas liée aux récents développements au Moyen-Orient" que pour les officiels américains, les deux affaires ne sont pas liées.

Interrogé à propos d’un geste d’apaisement envers Israël, le secrétaire d'Etat John Kerry a répondu : "Non, non, non. Vraiment, je n'ai même pas discuté avec eux".

Un dossier récurrent

Les Israéliens réclamaient inlassablement la libération de l'espion depuis son emprisonnement en 1985. L'homme avait failli servir de monnaie d'échange à plusieurs reprises. Dès février 1988, un an après sa condamnation, la presse américaine évoquait déjà un projet d'échange impliquant Washington, Israël et Moscou.

En octobre 1998, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait pris le risque de faire capoter la signature des accords israélo-palestiniens de Wye Plantation. Il avait exigé au dernier moment sa libération mais le chef de la CIA Georges Tenet avait en réponse menacé de démissionner. Le président américain Bill Clinton avait alors promis de revoir le dossier.

Washington a toujours refusé de gracier Pollard, au motif que ses activités ont causé des torts considérables aux intérêts américains, mais sans préciser officiellement le contenu des documents que l’espion avait fourni à Israël en échange de 50 000 dollars et la promesse de 300 000 supplémentaires.

Bombardement et assassinat

Selon un rapport de la CIA de 1987 déclassifié en décembre 2012, les informations livrées par l'espion à l'État hébreu portaient sur les pays arabes et l'Union soviétique. Elles ont aidé Israël à bombarder en 1985 le QG de l'Organisation de Libération de la Palestine, alors à Tunis, et à assassiner en 1988 le numéro deux de l'OLP Abou Jihad.

Ce rapport illustrait aussi les problèmes financiers de Pollard et son comportement excentrique: il a par exemple assuré un jour que l'Armée républicaine irlandaise (IRA) avait kidnappé sa femme.

Diplômé de Stanford, fils d'un professeur d'université respecté, Pollard avait 31 ans lors de son arrestation le 21 novembre 1985 à Washington près de l'ambassade d'Israël où il tentait de se réfugier avec son épouse Anne. Celle-ci a été condamnée à cinq ans de prison. Ce juif américain né le 7 août 1954 a obtenu la nationalité israélienne en mai 1995 mais a dû attendre 1998 pour qu'Israël le reconnaisse comme espion israélien.

Avec AFP