Barack Obama doit prononcer, mardi, un discours attendu et inédit pour un président américain, depuis le siège de l'Union africaine, à Addis Abeba. En quoi ce discours est-il important ?
Barack Obama doit prononcer, mardi 28 juillet, un discours attendu au siège de l’Union africaine (UA) à Addis Abeba, en Éthiopie, au terme d’une tournée africaine. Un discours qui devrait souligner l’importance du respect de la démocratie et des droits de l’Homme sur ce continent, théâtre de multiples crises. Voici, en quelques points, pourquoi ce discours est un évènement attendu :
- Il s'agit du premier discours d'un président américain en fonction devant l'UA.
Même si, en juin 2011, Hillary Clinton, alors secrétaire d’État, avait prononcé un discours remarqué à l’UA - discours au cours duquel elle avait distribué les bons et les mauvais points aux dirigeants du continent -, aucun chef d’État en fonction n’a jusqu’à présent pris la parole au siège de l’organisation. Pourtant, les États-Unis coopèrent étroitement avec l’UA depuis 2006 et Washington consacre des ressources importantes à l'appui de programmes en faveur de la paix et de la sécurité sur ce continent.
- Les Africains ont été déçus par l’absence d’Obama sur le continent depuis son élection.
Selon Samuel Nguembock, chercheur associé à l'Iris (Institut de relations internationales et stratégiques) contacté par France 24, les attentes sont énormes du côté des Africains. "Il y a un sentiment de déception de la part des Africains. Ils se sont rendu compte qu’au cours de son premier mandat, Barack Obama, pourtant premier président américain d’origine africaine, n’avait pas été très présent sur le continent […] Ce discours est un moment crucial qui va sérieusement marquer les esprits en Afrique. C’est l’occasion pour Barack Obama d’exprimer de vive voix ce qu’il attend pour le continent."
- L’Afrique fait face à d'importants enjeux sécuritaires et politiques.
L’Afrique fait face à une forte menace islamiste avec la présence de Boko Haram au Nigeria et des insurgés Shebab en Somalie. Cependant, malgré son implication dans la lutte contre ces insurgés, Washington refuse depuis plus de 20 ans d’intervenir militairement sur le continent africain. "Les Américains ont une politique de 'no boots on the ground' ['aucun soldat sur le sol']", explique Richard Joseph, chercheur à la Brookings institution.Depuis 1993, date du retentissant fiasco de la bataille de Mogadiscio en Somalie, les États-Unis ne sont en effet plus intervenus militairement en Afrique, indépendamment de participations à des coalitions. "Il n’y a pas de raisons pour que cette politique change pour le moment", affirme Richard Joseph.
Le continent est également secoué par de nombreuses crises, du Burundi au Soudan du Sud en passant par la Centrafrique. Dans ce contexte, la société civile attend que Barack Obama pousse l'UA à faire respecter davantage sa propre Charte de la démocratie, des élections et de la gouvernance.
- Les actions des États-Unis sont saluées (et attendues) en Afrique.
"En dehors de la participation américaine à la coalition militaire en Libye en 2011, l’aide militaire des États-Unis est plutôt saluée en Afrique", indique Samuel Nguembock.Puissance non coloniale, les États-Unis ont développé une aide principalement logistique et opérationnelle sur le continent (formation, soutien en termes de renseignement, approvisionnement de matériels militaires). "Les États-Unis ont une faible empreinte en Afrique mais leur champ d’action est plus vaste que celui de la France", indique pour sa part Richard Joseph.
Cependant, "au regard des résultats sur le terrain, cet appui n’est peut-être pas suffisant, du point de vue africain, même s’il est colossal du point de vue américain", précise Samuel Nguembock. De fait, en amont du discours de mardi, Jacob Enoh Eben, le porte-parole de la présidente de la Commission de l'UA, a prévenu que l'organisation attendait "l'exécution de différentes initiatives, dans la construction des infrastructures de transports et de télécommunications". "Barack Obama va amener avec lui les grandes entreprises américaines. Sa visite prouve qu'il faut venir en Afrique", a-t-elle déclaré.