L'armée turque poursuit ses raids aériens contre l'organisation de l'État islamique (EI) en Syrie et des positions de rebelles kurdes du PKK en Irak. La police a arrêté 590 personnes suspectées proches des jihadistes et des insurgés kurdes.
La Turquie intensifie, samedi 25 juillet, son offensive tous azimuts contre le groupe jihadiste État islamique (EI) et les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qu’Ankara a promis de poursuivre sans faiblir sur son sol comme à l'étranger.
Après un premier raid mené vendredi, des chasseurs-bombardiers de l'armée de l'air ont à nouveau décollé dans la nuit pour frapper des positions de l'EI sur le territoire syrien. Dans le même temps, les F-16 turcs ont mené vendredi soir de nouveaux raids contre le PKK en bombardant sept objectifs rebelles, abris, hangars et stockages de munitions, dans ses bases arrière des monts Kandil, dans le nord de l'Irak.
D’après l'agence gouvernementale Anatolie, 20 avions ont été engagés dans ces raids menés depuis la base de Diyarbakir (sud-est), qu'ils ont tous rejoints à l'issue de l'opération. L'artillerie a également ouvert le feu sur plusieurs objectifs de l'EI et du PKK dans le cadre de cette opération, selon les autorités.
Près de 600 arrestations
Selon le Premier ministre turc, Ahmet Davutoglu, une nouvelle vague de frappes aériennes et terrestres contre les jihadistes et les rebelles kurdes avait actuellement cours. Le chef du gouvernement a également annoncé l’arrestation par la police de 590 membres présumés de l’EI et du PKK. Ce coup de filet, inédit en Turquie dans les rangs jihadistes et rebelles kurdes, a débuté vendredi matin, impliquant plusieurs milliers de policiers dans tout le pays.
>> À lire sur France 24 : "L’échec de la politique du président turc Erdogan en Syrie"
Ces opérations risquent de fragiliser un peu plus les discussions de paix avec les séparatistes du PKK entamées en 2012. "Ankara se dit en guerre contre le terrorisme, quelle qu'en soit l'origine, que ce soit l'EI ou la guérilla kurde, indique Fatma Kizilboga, correspondante de France 24 en Turquie. Ce qu'on peut dire aujourd'hui, c'est que le processus de paix semble enterré. On peut s'attendre à de nouvelles violences dans un conflit qui, en trente ans, a déjà coûté la vie à 45 000 personnes."
itLes opérations militaires et policières ont été ordonnées après une vague de violences qui a débuté lundi par l'attentat-suicide perpétré par un jeune Turc dans la ville de Suruç (sud), près de la frontière syrienne, qui a fait 32 morts parmi un groupe de militants proches de la cause kurde. Une attaque que le gouvernement a rapidement attribuée à l’EI, qui ne l'a pas, pour l'heure, revendiqué.
En représailles à cet attentat, des militants proches du PKK ont multiplié les opérations visant les forces de sécurité turques, symbole d'un gouvernement que de nombreux Kurdes accusent de complicité avec les jihadistes. Mercredi, le PKK a revendiqué l'assassinat de deux policiers à Ceylanpinar (sud-est).
Tension vive dans de nombreuses villes
Depuis lundi, la tension est vive dans de nombreuses villes de Turquie, où les manifestations dénonçant la politique syrienne du président Recep Tayyip Erdogan sont réprimées par la police. Vendredi soir encore, 500 personnes ont été dispersées par les forces de l'ordre à Istanbul avec force gaz lacrymogènes, canons à eau et balles en plastique.
Le principal parti kurde de Turquie a appelé à une "marche pour la paix", dimanche après-midi, dans la plus grande ville de Turquie. Mais les autorités ont déjà fait savoir qu’elle n’autorisait pas la tenue d’un tel rassemblement.
Dans ce climat, les dirigeants du pays ont promis de ne pas faiblir dans leur combat contre les "groupes terroristes". "Ce qui s'est passé depuis quelques jours montre que la situation n'est plus sous contrôle", a expliqué, vendredi, Recep Tayyip Erdogan, promettant de poursuivre les opérations "avec détermination".
Dans le cadre de cet effort, le chef de l'État a confirmé que son pays avait enfin autorisé les États-Unis à mener des raids aériens contre des cibles jihadistes en Syrie ou en Irak depuis plusieurs de leurs bases, dont celle d'Incirlik (sud). Le ministère turc des Affaires étrangères a précisé que la Turquie "participerait aussi à ces opérations" contre l'EI.
La Turquie était jusque-là restée l'arme au pied face à l'EI. Elle avait refusé d'intervenir militairement en soutien aux milices kurdes de Syrie, par crainte de voir se constituer une région autonome qui lui serait hostile dans le nord de ce pays.
Avec AFP