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Le président mexicain invité d’honneur du 14 juillet, des ONG s’indignent

Enrique Peña Nieto a entamé sa première visite officielle en France. Malgré les critiques portant sur l'évasion d'un baron de la drogue et la situation des droits de l'homme dans son pays, le président mexicain participera au défilé du 14 juillet.

Le président mexicain Enrique Peña Nieto, qui a débuté lundi une visite officielle de quatre jours en France, participera mardi 14 juillet au défilé de la fête nationale. Le chef d’État a qualifié sa visite d’ "historique" et salué "la nouvelle vitalité" des relations bilatérales.

L'évasion d'un baron de la drogue et des critiques sur la situation des droits de l'homme dans son pays assombrissent pourtant le calendrier de cette visite. Dimanche, Joaquin "El Chapo" Guzman s’est échappé d'une prison de haute sécurité, grâce à un tunnel.

Pour le puissant chef du cartel de Sinaloa, il s'agit de la deuxième évasion réussie d'une prison de haute sécurité en 14 ans. Un rude coup pour le pouvoir. Dans une brève déclaration à la presse peu après son arrivée, le président s'est dit "consterné" par cette évasion, "un fait très regrettable qui indigne la société mexicaine". Il a demandé une enquête sur de possibles complicités.

Lundi soir le ministre mexicain de l'Intérieur Miguel Angel Osorio Chong avait annoncé que le gouvernement mexicain prévoyait d'offrir une récompense de 3,8 millions de dollars pour la capture du baron de la drogue.

Le leader du cartel de Sinaloa était surveillé 24 heures sur 24 à l'aide de caméras mais "par respect pour son intimité", il existait des "angles morts" dans sa cellule dont il a profité. La prison était équipée de 750 caméras et répondait aux normes internationales, selon le ministre.

Droits de l’Homme et situation de la presse

Le collectif Paris-Ayotzinapa a appelé à une manifestation mardi contre la visite de Peña Nieto. Ce mouvement qui rassemble des étudiants mexicains résidant en France, a jugé lundi que la fuite de "El Chapo" démontrait "les relations existantes entre les autorités mexicaines et les narcotrafiquants".

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Dans un communiqué, il a demandé à la France d'"imposer un embargo sur les ventes d'armes au Mexique" et réclamé à Paris la suspension de son alliance stratégique avec Mexico "jusqu'à ce que les droits de l'Homme soient totalement respectés".

Dans un article paru dans "Le Monde", Gilles Bataillon, spécialiste de l’Amérique centrale et du Mexique, dénonce la présence d’un détachement de l’armée en ouverture du défilé. "Toutes les grandes organisations de défense des droits de l’homme [...] ont souligné comment les forces armées [mexicaines ndlr] avaient eu systématiquement recours à la pratique de la torture, comme d’ailleurs les forces de police, et toutes deux avaient pratiqué de nombreuses exécutions extrajudiciaires", rappelle-t-il.

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Laurence Cuvillier, correspondante de France 24 au Mexique, explique que "les Mexicains se demandent pourquoi le président n’a pas annulé sa visite et ce défilé alors que le Chapo Guzman est à nouveau dans la nature et surtout l’armée mexicaine est soupçonnée d’avoir participé à de nombreuses violations des droits de l’Homme".

Par ailleurs, Reporter sans frontières a dénoncé dans une lettre ouverte "la situation inquiétante de la presse" au Mexique. Depuis 2000, RSF, qui réclame une meilleure protection des journalistes, a recensé 86 assassinats de journalistes et collaborateurs de médias en lien certain ou possible avec leur profession, dont 15 sous la présidence d’Enrique Peña Nieto.

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La présence exceptionnelle et symbolique du président mexicain au défilé du 14 juillet marque le réchauffement des relations entre les deux pays, après la grave crise diplomatique provoquée par l'affaire Florence Cassez, qui avait entraîné l'annulation de l'année du Mexique en France en 2011.

Après une visite mercredi d'une usine d'Airbus Helicopters, dans le sud, le président mexicain doit signer jeudi des accords notamment dans le domaine de la sécurité, de l'énergie, de la santé et de l'éducation.

Avec AFP