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Le manque de confiance envers le gouvernement Tsipras bloque les négociations sur un nouveau plan d’aide financière à la Grèce. Les ministres de la zone euro se réunissent dimanche pour trouver une issue avant le sommet de l'UE.

Une nouvelle journée de discussions s’ouvre dimanche 12 juillet entre les ministres des Finances de la zone euro avec la menace toujours plus présente d’un "Grexit", c'est-à-dire d'une sortie de la Grèce de la monnaie unique.

La veille, les membres de l’Eurogroupe ont été incapables de trouver un début d'accord sur un plan de sauvetage de la Grèce, avant un sommet crucial pour le maintien du pays dans la monnaie unique.

Dans un climat de défiance envers Athènes, et avec certains pays évoquant ouvertement un "Grexit", les ministres ont donc échoué samedi à accoucher d'un texte commun. "Le climat n'est pas facile pour les Grecs", a observé une source européenne."Je garde toujours l'espoir", a commenté pour sa part Pierre Moscovici à la sortie de la réunion.

Les ministres des Finances doivent se retrouver dimanche matin pour tenter de transmettre quelque chose de constructif aux sommets des dirigeants des 19 pays de la zone euro puis des 28 États membres de l'UE qui se tiennent dans la foulée.

"Il y a plusieurs pays qui bloquent"

Des sources gouvernementales grecques ont également estimé auprès de l'agence de presse ANA que "certains pays, pour des raisons qui n'ont rien à voir avec les réformes et le programme, ne veulent pas d'un accord".

"Il y a plusieurs pays qui bloquent" et ne veulent pas d'un troisième plan d'aide, a résumé une source européenne, alors qu'Allemagne et Finlande semblent près de dire ouvertement qu'ils ne veulent plus de la Grèce dans la zone euro.

Une proposition allemande d'une sortie temporaire de cinq ans de la zone euro a été rendue publique, même si elle n'a pas été formellement débattue samedi, selon certains diplomates. Et le texte est cinglant pour Athènes: "Si la Grèce ne peut garantir une mise en œuvre crédible de mesures et une dette soutenable, il faudrait lui offrir de rapides négociations pour une période hors de la zone euro, avec une possible restructuration de sa dette, si nécessaire [...] pendant cinq ans".

De son côté, le Finlandais Alexander Stubb a été sommé samedi par le Parlement de son pays de négocier une sortie de la Grèce de la zone euro, selon la télévision publique Yle.

Mais ces deux pays ne sont pas les seuls écueils à un éventuel accord, tellement la défiance vis-à-vis d'Athènes semble grande. "Largement plus de la moitié des pays membres pensent que les propositions grecques (pour obtenir un troisième plan d'aide) ne vont pas assez loin", a déclaré une source diplomatique.

"C'est difficile pour beaucoup de ministres d'aller devant leur Parlement et d'obtenir un mandat pour un programme d'aide avec des mesures quasi semblables à celles de fin juin, mais pour une somme bien plus considérable", a expliqué à l'AFP une source européenne proche des discussions.

"L'inertie joue pour le Grexit"

Ces blocages rendent chaque fois plus plausible une sortie désordonnée de la Grèce de la monnaie unique. Le pays est au bord de l'effondrement financier, l'économie sombre peu à peu et les banques sont fermées depuis fin juin. Le ministre grec de l'Économie, Giorgos Stathakis, a averti samedi soir que le contrôle des capitaux en Grèce mettrait "quelques mois" à disparaître, même après un éventuel accord avec les créanciers.

"L'inertie joue pour le 'Grexit'", a mis en garde un diplomate européen favorable à un accord avec Athènes.

Selon les calculs des créanciers, si le troisième plan d'aide demandé par Athènes voit le jour, la Grèce pourrait recevoir entre 74 et 82 milliards d'euros sur trois ans, dont 16 milliards déjà prévus dans un programme du FMI devant expirer en mars 2016.

L'Eurogroupe pourrait aussi étudier une solution transitoire, "un pont" financier qui permettrait à la Grèce de rembourser le 20 juillet la Banque centrale européenne (BCE). Il mobiliserait notamment quelque 3,3 milliards d'euros promis dans le passé à la Grèce et détenus par les banques centrales de la zone euro.

Mais cette aide ne pourrait se concrétiser qu'au prix de réformes difficiles et impopulaires. Ce sont peu ou prou ces mesures qui ont été rejetées par les électeurs grecs lors du référendum du 5 juillet.

Au cours de la semaine écoulée, certains acteurs de cette crise, dont la France, avaient salué les propositions grecques, mais samedi, ce sont les contempteurs d'Athènes qui ont donné de la voix.

Avec AFP