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Lancé par Washington pour lutter contre l’EI, le programme de formation de rebelles syriens n’a réussi à recruter jusqu’ici que 60 combattants. Les difficultés des États-Unis à trouver des candidats remettent en question une telle stratégie.

Barack Obama l’assure, la coalition internationale menée par Washington va intensifier la lutte contre l’organisation de l’État islamique (EI) en Syrie. Le président américain, qui s'exprimait lundi 6 juillet au Pentagone, a même promis que son administration allait "faire plus pour former et équiper l'opposition modérée en Syrie".

Une déclaration qui risque toutefois de rester au stade de vœu pieux. Car Barack Obama n’ignore pas que le programme de formation des rebelles syriens, lancé début mai en Jordanie par Washington, marche au ralenti.

Seulement 60 rebelles en formation

Mardi, Ashton Carter, le secrétaire américain à la Défense, a en effet confié, lors d'une audition devant la Commission des forces armées du Sénat, que seules 60 personnes bénéficient de l'entraînement pour l'instant. "C'est beaucoup moins que ce que nous espérions à ce point", a-t-il concédé.

Ce chiffre est en effet dérisoire au regard des plus de 5 000 combattants que le Pentagone comptait mettre à niveau chaque année afin de lutter contre l’EI. Une expérience pour laquelle 500 millions de dollars avaient été débloqués, et qui est censée se poursuivre au Qatar et en Arabie saoudite, alors que la Turquie accueille déjà de son côté un camp d’entraînement.

Et pour cause. Washington se heurte à de grandes difficultés, qui ralentissent la montée en puissance du programme en raison de la sélection très serrée des candidats. Les États-Unis veulent limiter les risques que ces combattants ne se retournent contre eux ou qu’ils soient des infiltrés envoyés par les jihadistes.

D'après le secrétaire à la Défense, pas moins de 7 000 volontaires se sont manifestés pour le programme. Pour seulement 60 élus, qui ont répondu aux critères de l’armée américaine. Un ratio qui s’explique soit par les doutes concernant le passé et les liens des candidats avec des mouvances radicales, soit par leur inaptitude au combat.

"Nous réfléchissons aux manières d'améliorer nos programmes de sélection pour attirer davantage de recrues dans notre programme d'entraînement", a indiqué Ashton Carter lors de son audition au Sénat. Et d’ajouter : "Nous développons nos contacts vers l’opposition modérée et nous tenons compte des leçons retenues de notre premier programme d’entraînement". À l’origine, une première promotion de 5 000 combattants aurait dû être opérationnelle au plus tard fin 2015, suivie par deux autres sessions, en 2016 et 2017.

Entraînés pour lutter contre l’EI, pas contre Bachar

L’autre difficulté pour les États-Unis réside dans leur volonté de diriger l'action de ces rebelles formés par les forces spéciales américaines exclusivement contre l’EI. Et non pas contre le régime de Bachar al-Assad. Cette décision du gouvernement américain de ne pas soutenir d'efforts militaires contre le régime syrien le prive de candidats plus aguerris, qui refusent d’épargner les troupes du président Bachar al-Assad, leur principal ennemi.

"Le principe est mauvais, très mauvais. Dire que l’on nous entraîne pour aller combattre Daech [autre nom de l’EI, NDLR] et non pas Bachar, est une insulte", avait répliqué, au moment de l’annonce du programme, un responsable rebelle de la région d’Alep, cité par l’agence AP.

Au final, vu le contexte syrien, l’utilité d’un tel programme et les risques qu’il comporte sont remis en question. En effet, les rebelles ont acquis une expérience certaine depuis qu’ils ont pris les armes contre Damas il y a quatre ans. Plus que d’une formation, ils n’ont eu de cesse de réclamer aux Occidentaux des armes et des équipements militaires. En vain. Du moins officiellement.