
La justice a suspendu mercredi l'assemblée générale extraordinaire du FN qui devait priver Jean-Marie Le Pen de son titre de président d'honneur du parti, offrant un deuxième succès judiciaire au patriarche en conflit avec sa fille.
La justice française a une nouvelle fois penché en faveur du cofondateur du Front national Jean-Marie Le Pen dans l’imbroglio politico-familial qui l’oppose à sa fille Marine Le Pen, présidente du parti. En effet, le tribunal de grande instance de Nanterre a tranché dans le sens d'une annulation du congrès par correspondance de la formation d'extrême-droite. En cours depuis le 20 juin, le congrès avait pour but de priver le leader historique du FN de son titre de président d'honneur, après une nouvelle série de provocations en avril.
Le juge des référés, saisi par Jean-Marie Le Pen, a jugé mercredi que le "choix illicite d'un vote par correspondance" privait le député européen "de tout moyen d'expression". "Le vote par correspondance n'est prévu, dans les statuts actuellement applicables, que dans le cadre des assemblées générales ordinaires", souligne-t-il dans son ordonnance. "Dès lors, il existe bien une violation des statuts."
À la suite de cette décision, le FN devra organiser à la place de ce vote par correspondance un "congrès physique", conformément à ses statuts.
Lors de ce congrès extraordinaire, ouvert depuis le 20 juin, près de 51 500 adhérents sont invités à approuver ou à rejeter dans leur intégralité les nouveaux statuts du Front national, qui suppriment notamment la présidence d'honneur de Jean-Marie Le Pen. "Plus de 26 000 membres se sont déjà exprimés sur 51 000" à ce jour, selon le parti. Le vote par correspondance devait se clôturer le 10 juillet.
Ce titre honorifique rend le chef historique du FN membre de droit de toutes les instances internes, "à vie" selon lui.
La semaine dernière, Jean-Marie Le Pen avait déjà remporté une première manche judiciaire avec l'annulation de sa suspension du parti. Le TGI de Nanterre avait déclaré "nulle et de nul effet" la délibération du bureau exécutif du FN du 4 mai, par laquelle le parti l'avait suspendu en tant qu'adhérent dans l'attente de ce congrès, et précisé qu'il "devra rétablir M. Jean-Marie Le Pen dans tous les droits attachés à sa qualité d'adhérent et le cas échéant à celle de président d'honneur".
Le FN avait aussitôt annoncé qu'il faisait appel et la présidente du parti Marine Le Pen avait qualifié la décision de "péripétie juridique" : la base militante du congrès, largement acquise à sa cause, devrait voter la suppression de la présidence d'honneur. Avant que la décision d’aujourd’hui ne vienne contrecarrer ses plans.
Avec AFP et Reuters