
Après les syndicats, ce sont les responsables politiques de l'opposition qui s'insurgent contre l'idée du ministre de l'Éducation, Xavier Darcos (photo), visant à autoriser la fouille des élèves pour lutter contre la violence scolaire.
REUTERS - Après la levée de boucliers syndicale, l'idée de Xavier Darcos d'imposer une fouille des élèves pour lutter contre la violence à l'école a suscité de vives critiques vendredi dans le monde politique.
Nicolas Sarkozy, qui entend "sanctuariser" les établissements scolaires, a prévu de réunir les "principaux acteurs de la sécurité, de la chaîne pénale et de l'Education nationale" à l'Elysée jeudi prochain.
Après l'agression d'une enseignante près de Toulouse vendredi dernier, le ministre de l'Education avait affirmé vouloir étudier "toutes les solutions possibles", comme l'installation de portiques de détection de métaux à l'entrée des collèges et lycées.
Jeudi, devant le congrès de la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP) à La Rochelle, Xavier Darcos a suggéré de créer dans les établissements "une force mobile d'agents" qui seraient formés pour constater des délits, confisquer des armes ou procéder à des fouilles si besoin.
"Ce que nous voulons, c'est dissuader les candidats à la violence", a-t-il expliqué à la presse. "Il faut pour cela donner aux personnels des établissements des moyens juridiques et matériels d'agir".
Pour Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, "toutes ces mesures sont très démagogiques".
"Que veut-il faire croire? Qu'il suffira de faire porter un uniforme de policier aux enseignants pour qu'il n'y ait plus de violence, de comportements agressifs dans les écoles, dans les collèges, dans les lycées? Non, ça personne ne le croira", a-t-elle dit sur France 2.
Le socialiste Jean-Christophe Cambadélis a comparé, sur RMC Info et BFM TV, le projet de Xavier Darcos à un "GIGN scolaire".
"DE LA FOLIE"
"Le problème n'est pas tant d'avoir une brigade spéciale ou de demander aux enseignants de fouiller les cartables des enfants, le problème est d'avoir un encadrement de surveillants" suffisant, a déclaré le député parisien.
Daniel Cohn-Bendit a estimé sur i-télé que "fouiller les enfants à l'entrée de l'école, c'est de la folie, ça ne se fera pas".
Le député européen dénonce une dérive sécuritaire après l'arrestation de deux enfants de six et dix ans, mardi à Floirac (Gironde), à la sortie de leur école parce qu'ils étaient soupçonnés d'avoir volé un vélo.
Pour Nicolas Dupont-Aignan, l'idée de Xavier Darcos est "grotesque". "Il suffirait de mettre des surveillants qui manquent (...). On a supprimé des postes et maintenant on va mettre des portiques? Tout ça est ridicule", a affirmé le dirigeant du
mouvement "Debout la République" sur Canal+.
Selon le ministère de l'Education, une vingtaine de faits avec arme sont recensés chaque mois dans des établissements scolaires en France.
Le porte-parole de l'UMP, Frédéric Lefebvre, a défendu les "propositions innovantes" du ministre de l'Education au nom du "droit à la sécurité" des enseignants et des familles.
Les idées de Xavier Darcos "ont l'immense mérite de concilier la nécessité de respecter l'école comme un lieu à part tout en donnant à la société les moyens de réagir à la violence", dit-il dans un communiqué.
Plusieurs syndicats d'enseignants s'étaient élevés jeudi contre le projet de Xavier Darcos. Le Snes-FSU a dénoncé une "surenchère sécuritaire", le syndicat lycéen FIDL l'idée de "mettre en place une police dans les écoles".
Les deux syndicats demandent au gouvernement de renoncer à supprimer des emplois dans l'Education nationale.