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Le Mozambique dépénalise l'homosexualité et l'avortement

Le Mozambique a dépénalisé l'avortement et les relations homosexuelles, écartant ainsi tout risque de persécution légale contre les couples de même sexe dans le pays, où ils connaissent moins d'intolérance que dans d'autres pays d'Afrique australe.

L'homosexualité n'est plus un délit au Mozambique. Un nouveau code pénal y est entré en vigueur lundi 29 juin, dans lequel les relations homosexuelles sont dépénalisées. Promulgué en décembre dernier par le président sortant, Armando Guebuza, le nouveau code pénal ne sanctionne également plus l'avortement, à la suite de la mobilisation l'année dernière de nombreuses organisations de défense des droits.

L'ancien code pénal, adopté en 1886 au temps de la colonisation portugaise, prévoyaient l'application de "mesures de sécurité" contre les personnes "s'engageant habituellement dans des actes contre nature".

Une disposition qui aurait pu être utilisée pour persécuter les homosexuels, les exposant à des peines de travail forcé pouvant aller jusqu'à trois ans, mais qui n'a jamais été appliquée depuis l'indépendance du pays en 1975. Au Mozambique, l'intolérance envers les couples de même sexe est moins marquée que chez certains voisins d'Afrique australe.

"Une victoire symbolique"

Certains parlent toutefois de "victoire symbolique". "Cela ne va pas fondamentalement changer grand chose pour nous", a confié à l'AFP Frank, un étudiant en communication de 22 ans, qui milite pour l'association Lambda de défense des droits LGBT. "L'inclusion sociale reste le principal défi", a t-il ajouté, refusant de donner son nom. D'ailleurs, Lambda, l'unique association pour les droits LGBT du pays, n'a toujours pas été officiellement reconnue par l'État mozambicain, alors qu'une demande en ce sens a été faite en 2008.

L'entrée en vigueur du nouveau code pénal est en outre généralement accueillie dans une certaine indifférence. "La plupart des Mozambicains ne nie pas l'homosexualité, mais on ne peut pas dire non plus qu'elle soit acceptée", complète Dércio Tsandzana, un blogueur et activiste influent. Lundi, aucun événement spécifique n'était prévu pour célébrer ce qui dans d'autres pays de la région apparaîtrait comme une avancée majeure pour les droits LGBT.

Les actes de violences contre les homosexuels sont très rares, voire inexistants au Mozambique, pays lusophone d'Afrique australe entouré de pays anglophones hostiles à l'homosexualité. Robert Mugabe, le président du Zimbabwe voisin, est réputé pour sa croisade anti-homosexuels. En Afrique du Sud, où le mariage entre personnes de même sexe a pourtant été légalisé en 2006, les actes de violence homophobe sont fréquents. L'homosexualité reste illégale dans une grande majorité des 54 pays d'Afrique.

Avec AFP